Thèse soutenue

L'imaginaire androgyne d'Honoré de Balzac à Virginia Woolf
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Auteur / Autrice : Frédéric Monneyron
Direction : Jean de Palacio
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1986
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L’androgyne est fréquent dans les mythologies de nombreuses aires culturelles. Dans l'aire occidentale, il fournit à Platon une illustration de ses théories de l'amour et se retrouve par la suite dans les systèmes mystiques et théosophiques judéo-chrétiennes. Si le mythe ethno-religieux est aisément repérable et ses structures facilement identifiables, en revanche le mythe littéraire existe avec difficulté. Au début du 19e siècle, l'esthétique néo-classique, l'affinement de l'observation médicale, la revalorisation de la pensée mystique préparent l'entrée de l'androgyne en littérature et, en France, à l'époque romantique, Balzac et Gautier fondent dans Seraphita et Mademoiselle de Maupin, selon des perspectives contrastées, un authentique mythe littéraire. L’androgyne devient chez les écrivains français et anglais de la fin du siècle une figure privilégiée de la décadence. Mais il n'y respecte plus une parfaite symétrie et l'idée s'incarne dans la réalité de l'époque en deux figures concurrentes : le jeune homme efféminé et la femme garçonnière. Cette dégradation du symbole cristallise autour de l'androgyne l'expression d'une sexualité "différente". La connaissance de la tradition ésotérique de l'androgyne permet à un romancier comme Péladan de retrouver au-delà de sa dégradation les significations fondamentales du mythe mais, à l'inverse, l'imaginaire de l'époque vient parfois bouleverser la doctrine. Bien que la psychanalyse s'avère incapable de se fonder sur la bisexualité, elle autorise, au début du 20e siècle une intégration psychologique de l'androgyne. L’aspiration à l'unité androgynique se lit en effet dans certains textes de D. H. Lawrence comme la tentative d'équilibrer les pulsions hétérosexuelles et homosexuelles et dans la perspective féministe de l'Orlande de Virginia Woolf comme la recherche d'une vérité au-delà des apparences immédiates. Tout en reconstituant les structures du mythe, ces deux dernières directions en marquent une dérive. Mais elles témoignent de la permanence d'un archétype et ouvrent la voie à un imaginaire contemporain riche et varié.