Thèse soutenue

Cicéron et Sénèque dans la rhétorique de la Renaissance : le débat sur ''le meilleur style'' dans la littérature érudite de 1555 à 1620

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Auteur / Autrice : Christian Mouchel
Direction : Alain Michel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études latines
Date : Soutenance en 1986
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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L'objet de ce travail est de décrire les débats relatifs au cicéronisme dans la seconde moitié du XVIe siècle et le premier quart du XVIIe siècle : il s'agit de savoir si l'éloquence cicéronienne, découverte majeure de la renaissance, est pleinement adaptée aux exigences gnoséologiques, éthiques et esthétiques de la persuasion moderne. Ce problème (que nous analysons dans les traités érudits de l'époque, le plus souvent rédigés en latin) peut se résumer comme l'opposition entre une éloquence sophistique ou asianiste et une éloquence de l'inspiration ou du cœur, elle-même représentée par l'opposition de Cicéron et de Sénèque, et ramenée à l'opposition stylistique de l'ampleur (copia) et de la concision (breuitas). Ce débat, où revient sans cesse l'appel érasmien à une éloquence de vérité, anime tous les compartiments de la ''littérature'', alors généralement entendue comme l'alliance de la sagesse avec la parole persuasive, mais il trouve sa forme privilégiée dans la rhétorique sacrée, un des lieux d'enquête les plus féconds et les plus représentatifs de la culture renaissante. L'histoire de la rhétorique, dans cette période, admet trois phases, étroitement unies : a) l'essence profondément isocratique du mouvement est d'abord reformée par les cicéroniens eux-mêmes, en particulier Paul Manuce, qui subordonnent le principe de concinnitas à l'exigence de densité et de concentration que propose le traité du sublime du Pseudo-Longin ; b) l'idéal cicéronien d'ampleur suave est refusé par les sénéquiens, dont le maître à penser est Juste Lipse : l'ingenium de l'écrivain trouve son reflet adéquat et préserve sa chaleur inventive dans la tension laconique ; c) le cicéronisme, dans l'œuvre des rhéteurs jésuites, cherche à concilier dans la concinnitas les deux tendances de la suavité et de l'intensité.