Monographie historique et économique d'une capitale coloniale : Rabat de 1912 à 1939
Auteur / Autrice : | Sylviane Munoz |
Direction : | André Nouschi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1986 |
Etablissement(s) : | Nice |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Nice. UFR des lettres, arts et sciences humaines |
Mots clés
Résumé
L'évolution de Rabat, promue au rang de capitale après l'instauration du protectorat français au Maroc, est significative de l'impact d'une domination coloniale. Bénéficiant d'une position centrale et d'avantages naturels, l'estuaire du Bou-Regreg avait été valorisé par trois établissements humains : Sale, Chellah et le ''Ribat'' des Oudaias, origine de la ville actuelle de Rabat. Le rappel de leurs vicissitudes historiques souligne l'intérêt stratégique du site pour les grandes dynasties dont l'empreinte architecturale marque encore le paysage. A l'aube du 20e siècle, l'organisation de Rabat, ville ''Makhzen'' est déjà altérée par les ingérences étrangères qui conduisent à l'installation de la France en 1912. Les besoins de la colonisation renforcent la division extravertie de l'espace national et conditionnent la politique urbaine imposée par le général Lyautey et réalisée par H. Prost. Les mutations radicales des structures démographiques, économiques et institutionnelles de la capitale se projettent dans les transformations du cadre urbain lui-même. La prospérité euphorique initiale se manifeste par l'extension harmonieuse de la ville nouvelle ; siège des activités modernes, à côté de la médina préservée. Mais la spéculation foncière et les lacunes du plan Prost pour l'habitat marocain, grèvent déjà cette facade brillante ; leurs répercussions s'aggravent lors de la crise des années Trente, avec l'hypertrophie de la surface urbaine et le développement des bidonvilles, refuge des immigrants ruraux. Malgré le programme d'améloiration dont elle bénéficie grâce au général Nogues, Rabat présentée comme une des réussites de l'urbanisme colonial, masque avant la Seconde Guerre mondiale, une ségrégation socio-spatiale, reflet des disparités entre les différentes communautés. L'analyse de sa croissance permet de mettre en évidence les rapports entre ces contrastes et le sous-développement dans lequel est engagée l'économie marocaine sous l'effet de la domination coloniale.