Thèse soutenue

Approche des problèmes de langage des enfants mongoliens

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Isabelle Guinamard
Direction : Catherine Kerbrat-Orecchioni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique
Date : Soutenance en 1986
Etablissement(s) : Lyon 2

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Les problèmes de langage des enfants trisomiques 21 sont envisagés par rapport à la distinction introduite par Jacques Lacan entre discours et parole. L'approche réalisée souligne la nécessité de dépasser le cadre d'une théorie développementale du langage. Après un compte rendu des recherches de psychologie comportementale consacrées aux troubles de langage des enfants mongoliens comparativement aux enfants normaux, l'auteur, se basant sur un corpus de dialogues correspondant à son expérience professionnelle, dégage comme caractéristique syntaxique du discours des enfants la tendance à une articulation syntaxique minimale. Une analyse conversationnelle des dialogues permet de montrer que l'immaturité du discours des enfants accroit la dépendance du discours de l'interlocuteur. Cet aspect d'immaturité du discours des enfants risque d'occulter la reconnaissance de la dimension symbolique du langage, la dimension de parole. La question de l'avènement du sujet de la parole est précisée par l'analyse du discours injurieux d'un enfant mongolien : pour un enfant dont le corps est d'abord le signe du handicap, il y a risque d'une dénégation de la loi symbolique du langage. Le mongolisme, inscrit dans les altérations visibles du corps, soumet l'enfant arriéré, davantage que l'enfant normal, à l'emprise exclusive d'une relation imaginaire avec l'autre ; la trisomie 21 suscite ainsi l'image d'une monstruosité excluant l'enfant de l'univers symbolique humain. Si le handicap de l'enfant est assimilé imaginairement au manque symbolique de l'être parlant et le soustrait à la reconnaissance de l'autre, l'enfant ne peut advenir à la parole. Son discours échoue à le représenter comme sujet désirant. Hors de la reconnaissance d'une médiation symbolique de la parole, l'enfant mongolien ne peut devenir sujet du langage.