Les Roues de la fécondite : logique et logique du signe : fétichisme et inversion dans les rituels des sociétés de Nouvelle-Guinée

Wheels of fecondity symbolic logic and the logic of sign fetichism and inversion in the rituals of new guinea societies

• Auteur / Autrice : Stéphane Breton
• Direction : Marc Augé
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Ethnologie
• Date : Soutenance en 1986
• Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

Mots clés contrôlés

Fétichisme (psychologie)

Nouvelle-Guinée (île)

Rites et cérémonies funéraires

Résumé

A partir de differentes inversions rituelles tirees de quelques societes de nouvelle guinee, qui ont trait a la relation d'objet, a la notion de chose, a l'echange des biens, a l'identite sociale et psycho-physique de l'individu, au travestissement sexuel, il est possible de degager la logique specifique du rituel qui est contenu tout entier dans l'inversion: dans les logiques dominees, retournees, et le deni du discours dominant. Mais cette ideo-logique, qui est ici logique symbolique- n'est pas seulement celle d'une societe primitive et, chez celle-ci, des pratiques dites animistes ou fetichistes. On la retrouve en oeuvre chez le paysan hesiodique, dans la litterature zen japonaise, dans le cinema, de meme qu'en negatif dans les mythes philosophiques et psychanalytiques de l'occident moderne. La logique symbolique s'oppose a la logique du signe comme le rituel s'oppose au langage. Ou plutot, comme il le contourne et le subvertit. Dans nos societes ou rien ne doit, en droit, croit-on, echapper au discours, il parait impensable qu'il y ait un niveau d'articulation qui echappe au dire, qui soit ineffable sans etre religieux car, il faut le souligner, le symbolique n'est pas le religieux ; or, ce type d'articulation, comme le montre le parallele avec le "langage" cinematographique ou, a un degre moins exemplaire, avec la photographie, -c'est proprement celui de l'ima- ge. Et, de meme que l'image fait entrer a nouveau l'occident dans l'ere du symbolique, c'est elle qui fait tout le caractere symbolique du rituel. Dans l'image, le signifiant deborde sans cesse le signifie, le signe est pour ainsi dire aplati; de plus le symbolique, le langage de l'image, ne s'articule pas de fa- con lineaire, pour determiner de maniere successive les sens qui s'ajoutent, mais de maniere instantanee, comme une photographie dans laquelle le sens est donne tout d'un coup, dans un ordre qui n'est pas celui de l'elocution. Mettre en evidence, par le detour du rituel et du cinema, une ideologique emancipee du signe, nous conduit a relativiser enfin la croyance qu'entretient l'occi- dent a l'egard de ses propres schemas. Si le rituel n'est pas tout dans le langage, l' occident n'est pas tout non plus dans le signe.

Through several ritual inversions taken from different societies of new guinea- which relate to the concept of object, to the exchange of goods, to the social and psycho- physiological identity of the individual, to sexual transvesticism, -it is possible to define the specific logic of ritual, which is completely exemplified in the inversion as a form: in the logics that are dominated the denial of the dominating discourse. But this ideo-logic, this symbolic logic is not only that of a so-called primitive societyand, in this one, of animistic and fetichistic practices. We see it also working in the mind of the hesiodic peasant, in the japanese zen, infilm and even, through its denial, in the philosophical and psychoanalytical myths of the western civilization. The logic of symbolism has to be distinguished from the logic of sign as the ritual from language. In our culture where nothing, in right, as we believe it, should escape from the imperialism of discourse, it seems hard to believe that a certain type of meaning or rather, of articulation, could not be conveyed by speech. But such an articulation does exist, as shows the example of the "language" of film and, to a lesser degree, that of photography: it is the image. And, to the same extent that the image inaugurates a new era of symbolism for the western culture, it is it which characterizes the true nature of the ritual and its symbolism. In the image, the signifying goes beyond the signified, and the sign, as it were, is flattened. Moreover, symbolism, the "language" of images, obeys a non-linear articulation, contrary to speech which determines successively its meaning, but instanta- neously, as in a picture in which the information is given once and for all, in an order that is not that of speech. To show through the typical examples of film and ritual, an ideo-logic emancipa- ted from the sign leads us, finally, to moderate the belief that the western culture nourrishes towards its own habitus: if ritual is not entirely in language, the western civilization is not entirely in the sign.