Les neurones dopaminergiques du tegmentum mésencéphalique ventral : aspects fonctionnels et théoriques
Auteur / Autrice : | Khalid Taghzouti |
Direction : | H. Simon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences |
Date : | Soutenance en 1986 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 1 |
Jury : | Président / Présidente : Michel Le Moal |
Examinateurs / Examinatrices : H. Simon, Michel Le Moal, André Barets, W.A. Bengelloun, B. Joumireu-Mourat, J.P. Tassin |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les corps cellulaires dopaminergiques (DA) du tegmentum mésencéphalique ventral (TMV) sont distribués selon u continuum médio-latéral et antéro-postérieur de projections. Ils ont une organisation anatomique de type divergent : groupés dans une zone limitée du mésencéphale, ils vont innerver un grand nombre de structures du cerveau antérieur. Les structures innervées appartiennent à différents niveaux hiérarchiques définis sur un plan anatomo-fonctionnel : système frontal, système limbique, système extrapyramidal… La lésion des corps cellulaires DA au niveau du TMV conduit à une désadaptation généralisée (perturbation des comportements spontanés et appris) menaçant la survie de l'individu et de l'espèce. Cette dissolution uniforme d'un ensemble de fonctions pose le problème de la localisation de l'effet dans le cerveau. Considérant que c'est le cerveau restant qui répond, nous avons abordé l'étude de l'agencement des relations entre les neurones DA et le reste du cerveau par une étude au niveau des structures de projection. 1- Rôle des neurones dopaminergiques : étude au niveau des structures de projection. La lésion des terminaisons dopaminergiques par une neurotoxine spécifique la 6-hydroxydopamine (6-OHDA) au niveau du noyau accumbens (structure striato-limbique) se traduit chez l'animal par 1) une perturbation des capacités de flexibilité comportementale, 2) un déficit d'initiation motrice. La lésion de la projection dopaminergique au niveau du septum (structure purement limbique) induit : 1) une hyperréactivité comportementale dans des situations rendues aversives par la suppression partielle ou totale d’un renforcement alimentaire chez des animaux affamés, 2) un déficit des processus d’apprentissage. La lésion des terminaisons dopaminergiques de chacune des deux structures (noyau accumbens et septum) reproduit des effets comportementaux similaires à ceux déjà connus pour la lésion totale de chacune d’elle. Si la lésion est bien le facteur déclenchant, la nature du déficit comportemental observé est déterminée par le dysfonctionnement des systèmes de projection. Les neurones DA ont donc un rôle non spécifique qui consiste à faciliter le fonctionnement des systèmes de projection. En l’absence des neurones DA, la fonction est ralentie ou ne peut pas apparaitre mais elle n’est pas supprimée. Ainsi, nous avons montré que les déficits provoqués par la lésion de l’innervation DA peuvent être atténués ou supprimés par différents types de ''traitements'' telles que la greffe de neurones dopaminergiques embryonnaires, la modification de l'état interne de l'animal et même la lésion de l'innervation noradrénergique. Ces données suggèrent l'existence de deux grandes catégories de neurones dans le cerveau : les neurones régulateurs qui comprennent les neurones DA et les neurones intégrateurs qui incluent les systèmes de projection DA. Les neurones régulateurs sont phylogénétiquement plus anciens que les neurones intégrateurs, ce qui suggère qu'ils ont une organisation anatomo-fonctionnelle très voisine chez différentes espèces animales et aussi chez l'homme. 2- Mécanismes de fonctionnement des neurones dopaminergiques. Pour cette phase de travail, nous avons formulé l'hypothèse que les neurones DA, non seulement facilitent le fonctionnement des grandes régions du cerveau comme nous venons de le voir, mais encore accordent leur niveau de fonctionnement respectif, permettant ainsi le transfert de l'information d'un système d'intégration à l'autre dans les meilleures conditions. Cette conception qui suppose une hiérarchie de fonctionnement entre les différents systèmes d'intégration, implique également une hiérarchie dans l'activité des neurones DA régulateurs. Elle postule un fonctionnement coordonné donc interdépendant des neurones DA. Les expériences réalisées confirment cette hypothèse. Ainsi, à une baisse de l'activité DA dans l'amygdale correspond une baisse d'activité DA dans le cortex préfrontal et une augmentation dans le noyau accumbens. Par analogie avec le syndrome de ''disconnexion'' décrit par Geschwind, les résultats obtenus dans ce travail permettent de conclure que l'effet de la lésion ou de substances psychotropes sur les neurones régulateurs conduit à un syndrome de dysrégulation de fonctionnement entre plusieurs systèmes d'intégration et par suite à une déstructuration du comportement.