L'objectif de cette thèse est d'explorer la relation croisée entre le handicap et le marché du travail en Europe en utilisant les données de l'enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (SHARE), qui offre un vaste échantillon d'individus suivis au cours du temps (panel) dans 28 pays européens. Le premier chapitre se concentre sur l'impact de l'apparition d'un handicap sur le revenu personnel, défini comme la somme des salaires et des revenus de compensation. L'impact du handicap est mesuré en appariant les individus avant l'apparition du handicap puis en mettant en place une double différence pondérée. Les résultats montrent une baisse du revenu personnel du à une forte perte de salaires qui n'est pas compensée par les revenus de compensation. Des analyses d'hétérogénéité révèlent qu'au sein des pays mettant en œuvre des mesures d'intégration fortes pour les personnes handicapées sur le marché du travail et/ou offrant des revenus de compensation élevés, l'apparition du handicap n'a pas d'impact sur le revenu personnel. Le deuxième chapitre examine la modification de l'offre de travail résultant de l'apparition du handicap chez le conjoint. Ce choc affectant le partenaire entraîne des changements dans le revenu et la consommation du ménage, incitant potentiellement l'individu à augmenter son offre de travail. Parallèlement, l'individu peut devenir un aidant informel, nécessitant ainsi une disponibilité accrue. En utilisant les données rétrospectives de SHARE et une méthode de différence-de-différences robuste à l'hétérogénéité du choc, ce chapitre révèle une diminution de l'offre de travail du conjoint qui s’accroit au fil des années suivant la survenue du handicap du conjoint. Les disparités entre les pays soulignent à nouveau le rôle protecteur des systèmes de sécurité sociale. Dans les pays offrant des mesures d'intégration solides sur le marché du travail pour les personnes handicapées et un accès aisé aux revenus de compensation, l'apparition du handicap du conjoint n'a pas d'impact sur l'offre de travail.Enfin, dans le troisième chapitre, nous explorons la causalité inverse en mesurant les conséquences d'une période de chômage sur la probabilité de déclarer une maladie invalidante. Les premières investigations, utilisant des modèles Logit, révèlent une relation positive entre ces deux variables à l'âge de 45 et 50 ans. En considérant un indicateur de maladies invalidantes mentales, les analyses indiquent qu'une période de chômage précoce (entre 15 et 24 ans) est associée à une probabilité accrue de déclarer des maladies invalidantes dès l'âge de 30 ans.