Thèse soutenue

Neurocognition de la dyslexie développementale : EEG et oculométrie comme marqueurs de dysfonctionnement langagier chez l’adulte

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Auteur / Autrice : Aikaterini Premeti
Direction : Maria-Pia BucciFrédéric Isel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 03/07/2024
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire MoDyCo (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Giovanni de Marco
Examinateurs / Examinatrices : Maria-Pia Bucci, Frédéric Isel, Giovanni de Marco, Andrea Facoetti, Marie Lallier, Gwendoline Mahé
Rapporteurs / Rapporteuses : Andrea Facoetti, Marie Lallier

Résumé

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La dyslexie développementale est un trouble neurodéveloppemental qui affecte le traitement du langage écrit, touchant environ 10 % des enfants d’âge scolaire, et qui persiste à l’âge adulte. Malgré des progrès significatifs dans la compréhension de ses origines, les causes exactes de ce trouble spécifique des apprentissages restent débattues. Diverses théories, y compris celles du déficit phonologique et du déficit de l’empan visuo-attentionnel, ont été proposées pour expliquer les mécanismes sous-jacents à ce trouble du langage.Cette thèse de doctorat se concentre sur l'analyse des mouvements oculaires et des potentiels évoqués (PE) chez des étudiants universitaires dyslexiques de langue maternelle française afin de déterminer si les déficits visuo-attentionnels et/ou phonologiques sont deux facteurs explicatifs des troubles de la lecture. Nous visons à identifier à quel moment les différents processus impliqués dans la lecture sont perturbés chez les dyslexiques adultes. Initialement, nous avons focalisé sur la reconnaissance des mots isolés, en utilisant des mesures synchronisées du signal électroencéphalographique et de mouvements oculaires au sein de la même population avec la même tâche expérimentale, c’est-à-dire la décision lexicale phonologique. De plus, nous avons étendu notre investigation pour inclure l’enregistrement des mouvements oculaires pendant la lecture de textes afin d’utiliser une approche plus écologique à l’étude de la lecture.Afin d’atteindre nos objectifs, nous avons réalisé quatre études. La première étude a passé en revue une sélection de recherches sur la dyslexie, utilisant comme marqueurs soit les PE soit les mouvements oculaires dans le but de mieux comprendre les causes possiblement plurielles de la dyslexie. La deuxième étude a examiné les processus langagiers engagés dans le mécanisme de lecture qui sont altérées chez les dyslexiques en s’appuyant sur les PE pendant une tâche de décision lexicale phonologique. La troisième étude a analysé les mouvements oculaires avec la même tâche expérimentale pour examiner les déficits phonologiques et visuo-attentionnels chez les dyslexiques. Enfin, la quatrième étude a exploré les mouvements oculaires pendant la lecture de textes pour obtenir des informations sur les comportements de lecture dans un contexte pragmatique plus écologique.Nos résultats indiquent que les individus dyslexiques montrent des réponses neurophysiologiques différentes de celles des normolecteurs, notamment pour la conversion graphème-phonème et la récupération des informations linguistiques stockées dans la mémoire phonologique. Bien que le traitement visuel initial des lettres soit similaire entre les groupes dyslexiques et témoins, les dyslexiques présentent des difficultés d'accès lexical, influencées par des variables prédictives connues pour signer de manière fiable la dyslexie.Les analyses oculomotrices révèlent que les participants dyslexiques présentent un nombre accru de fixations, indépendamment du type de stimulus, ce qui indique une capacité attentionnelle visuelle réduite, et montrent des fixations initiales plus longues pour les pseudomots et les pseudohomophones que pour les symboles et les consonnes. Les dyslexiques présentent un plus grand nombre de fixations progressives et régressives lors de la lecture de textes et une sensibilité réduite à la consistance orthographique des mots. En ce qui concerne le schéma de lecture dans la dyslexie, nos résultats indiquent que les dyslexiques ont un style de lecture segmenté.Pris dans leur ensemble, les résultats de cette thèse de doctorat renforcent l’idée que déficits phonologiques et déficits visuo-attentionnels contribuent à expliquer l’origine de la dyslexie, soulignant ainsi la nature multifactorielle de ce trouble du langage. Ces résultats encouragent à explorer dans de futures études le développement de méthodes de remédiation visant à entraîner tant les capacités visuo-attentionnelles que phonologiques.