À la fin de la guerre d’Indépendance américaine en 1783, environ 60 000 Loyalistes fidèles à la couronne britannique fuient les États-Unis. Environ 10 % d’entre eux sont des hommes et des femmes de couleur, nés libres, affranchis, anciens engagés ou des esclaves fugitifs qui ont obtenu leur liberté par les Britanniques et la promesse de terre au Canada. Notre recherche porte sur leur participation à la guerre, sur le rôle qu’ils ont joué au service du gouvernement britannique et sur leur condition d’évacuation du territoire états-unien. Plus de la moitié des Loyalistes, dont environ 3 500 Loyalistes noirs, se réfugient dans les trois Provinces Maritimes du Canada, composées aujourd’hui de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard. Ces provinces n’étaient pas destinées à être des colonies de peuplement mais l’arrivée des Loyalistes en a transformé la physionomie ainsi que leur développement social, politique et culturel. Les réfugiés noirs ont constitué la première vague migratoire conséquente de Noirs libres en Amérique du Nord britannique qui a évolué en une nouvelle société multiculturelle et multiraciale. Ce mouvement diasporique, à l’âge des révolutions noires dans l’espace atlantique, s’est traduit par la suite en une marginalisation d’ordre social et politique au Canada. Afin d’examiner les profils des Loyalistes noirs au Canada, leur nombre, leur proportion, leur lieux d’installation, il est important de constituer une base de données. Une approche comparative permet également de mettre en lumière les réseaux établis entre les communautés noires, entre assimilation et émergence de marginalité dans la société d’accueil.