Thèse soutenue

L'Occident face à la seconde décolonisation portée par les idéologies islamistes et indigénistes, de la guerre froide à nos jours

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Auteur / Autrice : Marc D'Anna
Direction : Carol Iancu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : HISTOIRE spécialité Histoire contemporaine
Date : Soutenance le 16/11/2015
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Laurent Reverso
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Coppolani
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Encel

Résumé

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La présente thèse est le résultat de plusieurs années de recherches et d'études consacrées aux interactions entre les sociétés occidentales libéral-démocratiques et les aires de civilisation non-occidentales et/ou promouvant des modèles idéologiques et géopolitiques anti-occidentaux, notamment l'islamisme radical que nous avons rangé dans la catégorie de totalitarisme plutôt que d'intégrisme ou de fondamentalisme.L'idée-force de notre travail - qui a pris comme point d'appui de départ l'instrumentalisation de l'idéologie islamiste radicale par les pays de l'Alliance atlantique sous la Guerre froide dans le but géopolitique d'endiguer et affaiblir l'ex-Union soviétique et qui a progressivement évolué vers l'analyse de l'antagonisme opposant les sociétés libéral-démocratiques occidentales à l'islamisme radical - est que l'islamisme radical moderne anti-occidental est, comme d'autres formes de contestations radicales (géopolitique, idéologique et spirituelle) du modèle occidental constatées depuis la fin de la Guerre froide, une façon de poursuivre le processus multiforme de décolonisation et de « réindigénisation », et que celui-ci est autant favorisé que contredit par la mondialisation marchande. « seconde décolonisation » ,D'après nos recherches, la mondialisation marchande, neutre d'un point de vue identitaire, ne supprime pas forcément les phénomènes d'appartenance identitaire, même si elle contribue à transcender les Etats-Nations, car elle peut également favoriser le renforcement des appartenances identitaires transnationales. Inventée par les Occidentaux, mais devenue universelle, la mondialisation au sens technologique et non idéologisé du terme peut donc accompagner le phénomène de seconde décolonisation dans la mesure où elle contribue à favoriser la constitution de pôles géoéconomiques et civilisationnels qui caractérisent le monde en voie de multipolarisation de l'Après-Guerre froide.A ce titre, l'indigénisme amérindien ; le populisme bolivariste ; l'islamisme radical ; le modèle malaisien « islamo-asiatique » ou les modèles nationalistes russe post-soviétique ou chinois peuvent utiliser les outils de la mondialisation tout en contestant radicalement le modèle démocratique libéral occidental fondé sur le primat de l'individu et des droits de l'homme jugés par nombre de modèles non-occidentaux comme attentatoires à l'identité nationale, religieuse ou civilisationnelle de nations qui voient dans le modèle universaliste occidental une menace pour leur identité propre et leur souveraineté.Dans le cadre de la seconde décolonisation, souvent portée par une dynamique de revanche qui pousse à rejeter les valeurs, les modèles politiques et les identités des pays européens ex-colonisateurs et de l'Occident libéral-démocratique - assimilés à un tout hostile, on constate que les représentations anti-occidentales fondées sur des visions diabolisantes et conspirationnistes, parfois empreintes aux idéologies totalitaires marxiste ou national-socialiste, ont constitué un apport extérieur non négligeable à l'idéologie islamiste radicale moderne. Elles ont ainsi contribué à ce que nous avons appelé sa « mutation totalitaire ».La double question formulée dans la présente étude est donc de savoir si les 2 grands vecteurs idéologiques du rejet de l'Occident dans le monde aujourd'hui, à savoir le nationalisme indigéniste et l'islamisme radical, constituent le résultat de l'interaction entre l'Occident hégémonique et le reste du monde, et pourquoi dans le premier cas, la seconde décolonisation s'est limitée à un repli géopolitique défensif et local, alors que la celle portée par l'islamisme a pris une forme offensive totalitaire et hégémonique ?