Réponse des foraminifères à l’anoxie dans les milieux côtiers : études in situ de l’écologie des foraminifères benthiques, expériences en laboratoire et analyse du métabolisme anaérobie
Auteur / Autrice : | Dewi Langlet |
Direction : | Frans J. Jorissen |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Terre enveloppes fluides |
Date : | Inscription en doctorat le 13/10/2010 Soutenance le 24/04/2014 |
Etablissement(s) : | Angers |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Végétal-Environnement-Nutrition-Agro-Alimentaire-Mer (Angers) |
Mots clés
Résumé
Ce travail de thèse a pour objectif d’identifier les effets de l’anoxie sur les foraminifères benthiques essentiellement dans les environnements côtiers. Pour mettre en évidence l’impact de ce phénomène naturel qui tend à être amplifié par les activi- tés anthropiques, nous avons utilisé différentes approches : des observations environnementales, des expériences menées sur le terrain et des expériences en laboratoire. Les études menées sur le terrain présentent des résultats contrastés. En Mer Adriatique - un milieu affecté depuis le début de l’Holocène (10 ka) par des hypoxies périodiques - l’expérience menée in situ montre que la majorité des espèces composant la communauté de foraminifères benthiques peut survivre à 10 mois d’anoxie. Nous avons ainsi observé un changement de la composition des faunes passant d’une communauté dominée par des espèces sensibles à l’anoxie (Reophax nanus, Textularia agglutinans, Quinqueloculina seminula et Quinqueloculina stelligera) lorsque les conditions sont oxygénées à une communauté dominée par des espèces résistantes à l’anoxie après 10 mois d’expérience (Eggerella scabra, Bulimina marginata, Lagenammina atlantica, Hopkinsi- na pacifica et Bolivina pseudoplicata). Au contraire, dans un milieu nouvellement affecté par des phénomènes d’anoxie saisonniers (depuis 40-30 ans) tel que le bras d’estuaire fermé de Grevelingen (Pays-Bas), nous avons observé que seul un très faible nombre d’individus vit dans les sites anoxiques. A ce site d’étude, les communautés de foraminifères benthiques sont composées d’ un faible nombre d’espèces qui semblent ainsi toutes être sensibles à l’anoxie. Dans les expériences en laboratoire nous montrons que les taux de survie de Melonis barleeanus sont similaires après plus de 3 mois d’hypoxie et d’anoxie. Ces résultats montrent néan- moins que l’absence totale d’oxygène tend à inhiber la crois- sance de ces organismes. Afin de comprendre comment les foraminifères benthiques survivent à l’anoxie nous nous sommes intéressés au métabo- lisme anaérobie des organismes. D’après les études précé- dentes, la dénitrification est la seule voie métabolique anaéro- bie identifiée chez les foraminifères (Risgaard-Petersen et al., 2006 ; Piña-Ochoa et al., 2010). Nos analyses montrent qu’apparemment seules les espèces résistantes à l’anoxie contiennent des nitrates dans leurs cellules. Nous avions initia- lement émis l’hypothèse que ces nitrates pouvaient être réduits par dénitrification. Or, les expériences menées au cours de cette thèse montrent que les foraminifères côtiers n’utilisent pas la dénitrification. Nos travaux suggèrent ainsi que les voies métaboliques anaérobies utilisées par les foraminifères ben- thiques sont bien plus diversifiées que ce qui est aujourd’hui admis.