Thèse soutenue

Etude du conditionnement d’alliages d’aluminium/magnésium dans une matrice à base de ciment phospho-magnésien

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Auteur / Autrice : Gabriel Poras
Direction : Céline Cau Dit Coumes
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie et physico-chimie des matériaux
Date : Soutenance le 10/11/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences Chimiques Balard (Montpellier ; 2003-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de Chimie Séparative de Marcoule
Jury : Président / Présidente : Gwenn Le Saout
Examinateurs / Examinatrices : Xavier Bourbon, Sylvie Delpech
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabrice Leroux, Nathalie Larabi-Gruet

Résumé

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Le retraitement du combustible usé des réacteurs nucléaires de type Uranium Naturel – Graphite – Gaz a produit des déchets radioactifs de faible ou moyenne activité, contenant des alliages d’aluminium-magnésium (3 ou 5 % massique de Mg), qui sont destinés à être cimentés avant stockage. Le ciment Portland est largement utilisé pour le conditionnement de ce type de déchets ; cependant, sa forte alcalinité provoque l’oxydation de l’Al avec production simultanée de dihydrogène. Des travaux antérieurs ont montré que le ciment phospho-magnésien (MKP) présente une meilleure compatibilité chimique avec l’Al en conduisant à la formation d’une couche protectrice d’alumine à la surface du métal. Cependant, son alcalinité réduite entraîne la corrosion du magnésium métallique. Ce travail de thèse a donc pour principal objectif d’étudier la réactivité des alliages Al/Mg en matrice cimentaire phospho-magnésienne. La composition de la solution porale d’une pâte de ciment MKP est étudiée en fonction de la durée d’hydratation et du rapport massique eau/ciment (e/c). Des relations empiriques sont établies entre les compositions mesurées par différentes approches, permettant l’utilisation d’un protocole alternatif si la quantité d’eau résiduelle est insuffisante pour une extraction par pressage. La confrontation des données expérimentales aux simulations thermodynamiques montre que la solution porale de la pâte de rapport e/c = 0,51 reste largement sursaturée par rapport à son principal hydrate, la K-struvite, après 28 j d’hydratation. Un protocole est finalement proposé pour préparer des solutions porales synthétiques de la pâte de ciment MKP à l’échéance de 28 j ou à l’équilibre thermodynamique.La corrosion de l’aluminium et des alliages Al/Mg (2 à 4,5%mas de Mg) est ensuite étudiée dans des solutions porales synthétiques. Comme attendu, la solution porale de type Portland conduit à la corrosion totale de l’aluminium. Dans la solution représentative de la pâte de ciment MKP âgée de 28 j, la vitesse de corrosion de l’Al est diminuée, mais constante tout au long de l’étude. La surface corrodée est partiellement recouverte par une phase de composition proche de l’alumine. Les alliages sont corrodés plus rapidement que l’Al dans ces deux solutions. Enfin, dans la solution à l’équilibre avec la K-struvite, l’Al et ses alliages sont totalement passivés par la formation d’une couche continue et épaisse d’un phosphate de potassium et d’aluminium.En matrice cimentaire MKP, le dégagement de dihydrogène mesuré par chromatographie en phase gazeuse est identique quel que soit l’alliage étudié. Les mesures d’impédance électrochimique font cependant apparaitre des différences entre alliages. Ces résultats sont discutés par rapport aux limites des deux techniques expérimentales, et aux caractéristiques des alliages, en particulier de leur composition (présence d’impuretés ferriques). La comparaison des vitesses de corrosion déterminées dans le mortier MKP et en solution porale synthétique suggère une forte passivation des différents métaux dans la matrice cimentaire.Ces résultats sont confirmés par une étude préliminaire d’un mortier MKP en conditions de stockage. En effet, aucune reprise de corrosion de l’Al et des alliages n’est observée suite à la resaturation en eau de la porosité du mortier. Par ailleurs, l’étude des évolutions minéralogiques se produisant à l’interface entre des pâtes de ciment MKP et Portland saturées montre que, sur une durée de 8 mois, les perturbations engendrées restent extrêmement limitées. Un phosphate de calcium précipite sur une épaisseur de quelques micromètres. Ces résultats offrent des perspectives intéressantes pour l’inertage de déchets historiques contenant de l’aluminium métallique, pur ou allié avec du magnésium.