Thèse soutenue

Prise en charge de l'hépatite C dans les pays à ressources limitées en santé : quels outils et quelles stratégies diagnostiques ?

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Auteur / Autrice : Léa Duchesne
Direction : Karine Lacombe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Épidémiologie, Recherche sur les services de santé
Date : Soutenance le 03/12/2019
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Éric Caumes
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Deuffic-Burban, Maurice Cassier
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Nagot, Patrizia Carrieri

Résumé

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L’arrivée sur le marché en 2011 de nouveaux traitements de l’hépatite C – les antiviraux à action directe (AAD) – bien plus efficaces et mieux tolérés que leurs prédécesseurs ont rendu l’élimination de cette dernière envisageable. Le prix élevé des AAD ainsi que le faible taux de diagnostic de l’hépatite C dans le monde ont cependant limité le nombre de personnes ayant pu en bénéficier jusqu’à présent. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) où vivent 72% des personnes atteintes d’hépatite C chronique dans le monde, seules 6% d’entre elles auraient été diagnostiquées. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a appelé à diagnostiquer 30% et 90% des cas d’hépatite C chronique dans le monde respectivement d’ici à 2020 et 2030. Les méthodes de référence pour le diagnostic de l’hépatite C sont la détection d’anticorps anti-VHC et la quantification de l’ARN du VHC. Ces méthodes sont onéreuses et requièrent un personnel hautement qualifié ainsi que de lourdes infrastructures. Étant donné que les PRFI disposent de ressources financières et matérielles restreintes, ces méthodes y sont peu disponibles. Atteindre les objectifs de l’OMS dans ces pays implique donc de simplifier, de décentraliser et de rendre abordable le diagnostic de l’hépatite C dans les PRFI. Cette thèse a eu pour objectif d’identifier des outils pouvant permettre de répondre à ces enjeux. Pour cela, trois axes d’étude ont été développés. Une première étude menée sur un grand nombre d’échantillons sanguins camerounais nous a permis de valider les performances diagnostiques de la quantification de l’antigène de capside du VHC (AgC), une technique de confirmation virémique alternative à la détection de l’ARN du VHC, avec une sensibilité de 95,7%, une spécificité de 99,7% et une aire sous la courbe de 0,99. À la suite de ce premier travail, plusieurs études évaluant les performances de divers outils diagnostiques autres que la quantification de l’AgC ont été publiées. À partir des données de ces dernières, nous avons mené deux études médico-économiques dans le but d’identifier parmi ces outils ceux qui offriraient le meilleur rapport coût-efficacité pour renforcer le diagnostic de l’hépatite C. Ces deux études portaient sur deux contextes différents : d’une part la population d’usagers de drogues injectables de Dakar au Sénégal et, d’autre part, les populations générales de trois pays d’Afrique sub-Saharienne. Dans les deux cas étudiés, combiner la détection des anticorps anti-VHC par un test portatif appelé « point-of-care » (POC) et la détection de l’ARN du VHC – grâce soit à un test POC, soit à un test de laboratoire effectué sur un échantillon de sang prélevé sur papier buvard (un type d’échantillons pouvant être transportés à température ambiante) ‒, était plus coût-efficace que les autres stratégies proposées. Notre critère d’efficacité ne permettant pas de se référer à un seuil de coût-efficacité de référence, il n’a cependant pas été possible de définir laquelle de ces deux stratégies il serait préférable de mettre en place dans chaque contexte. Par ailleurs, dans le cas de la population générale, nos estimations de budget pour atteindre les objectifs de l’OMS dans les trois pays étudiés indiquent qu’il est peu vraisemblable qu’ils soient atteints aux dates visées sans une baisse des prix des tests diagnostiques ou une augmentation des ressources financières disponibles. Bien que représentant un véritable progrès vers la décentralisation du diagnostic, les tests POC actuels comportent certaines limites techniques pouvant restreindre leur potentiel. Une revue de la littérature sur les innovations diagnostiques a montré qu’une grande variété de solutions techniques pouvant permettre de dépasser ces limites étaient en cours de développement, pour certaines à un stade avancé. Plusieurs barrières empêchent cependant leur diffusion commerciale.