Thèse soutenue

Helminthosporiose du riz en Afrique de l'Ouest : identification des espèces responsables et diversité génétique de Bipolaris oryzae et Exserohilum rostratum

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Kouka Hilaire Kabore
Direction : Marc-Henri LebrunDidier Tharreau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences agronomiques
Date : Soutenance le 31/05/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du Végétal : du gène à l'écosystème
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biologie Gestion des Risques en agriculture (Palaiseau ; 2007-....)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Marc-Henri Lebrun, Bruno Le Cam, Lydia Bousset, Jacqui Shykoff, Anne-sophie Walker, Irénée Somda
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Le Cam, Lydia Bousset

Résumé

FR  |  
EN

Le riz est la deuxième céréale la plus produite dans le monde. En Afrique, de nombreux Etats fondent leur espoir sur la production locale de riz pour atteindre la sécurité alimentaire. Les problèmes phytosanitaires contribuent à l'insécurité alimentaire. L'helminthosporiose du riz est une maladie fongique qui peut attaquer le riz à tous les stades de son développement. En Afrique subsaharienne, cette maladie est en progression dans de nombreux pays et cause des pertes d'environ 3,3% de la production. Malgré ce constat, les espèces responsables de la maladie, la diversité génétique et la structuration de leurs populations restent peu connues. Ces connaissances sont primordiales à l'élaboration de stratégies efficaces de lutte contre l'helminthosporiose du riz en Afrique de l'Ouest.Cette thèse avait pour objectifs : (i) d'identifier les espèces responsables de l'helminthosporiose du riz en Afrique de l'Ouest et d'évaluer leur pathogénie en milieu contrôlé, (ii) d'analyser la diversité génétique et le mode de reproduction des espèces les plus fréquentes, (iii) et de développer des outils de détection.La caractérisation par genotyping by sequencing (GBS) de 469 isolats isolés des symptômes de l'helminthosporiose du riz a permis d'assigner les isolats à des espèces : deux espèces majoritaires, Bipolaris oryzae (37%) et Exserohilum rostatum (41%), et 9 espèces moins fréquentes (<5% ; B. bicolor, B. maydis, B. sorokiniana, B. secalis, B. yamadae, Curvularia hawaiiensis, C. papendorfii, C. spicifera et E. turcicum). Les deux espèces les plus fréquentes ont été identifiées dans la plupart des pays échantillonnés.L'analyse de la structure génétique de B. oryzae et E. rostratum réalisée sur des échantillons provenant de 6 zones rizicoles du Burkina Faso a montré que la différenciation génétique était plus importante au sein des populations qu'entre les populations. Chacune des espèces était structurée en 4 groupes génétiques dont la distribution était indépendante de l'origine géographique des isolats. Des preuves de recombinaison ont été identifiées dans les populations de B. oryzae et E. rostratum. Les fréquences relatives des signes de compatibilité sexuelle étaient en accord avec une reproduction sexuée pour B. oryzae mais pas pour E. rostratum. Des souches porteuses des deux signes de compatibilité ont été observées dans cette dernière espèce.Les tests de pathogénicité réalisés par pulvérisation de suspensions conidiennes (B. bicolor, B. maydis, B. oryzae, B. sorokiniana, C. spicifera et E. rostratum) sur les feuilles des variétés de riz FKR19, FKR62N, Gambiaka, Manobi, Kitaake et TS2 ont montré que B. oryzae et B. maydis sont les espèces les plus pathogènes. Les cultivars FKR19 et FKR62N du Burkina Faso ont montré une plus grande résistance à toutes les espèces testées.L'alignement multiples des séquences du gène GAPDH produites durant cette thèse ou déjà disponibles ont permis de dessiner 4 couples d'amorces pour distinguer les principales espèces responsables de l'helminthosporiose. Ils détectent spécifiquement Bipolaris spp, B. maydis, B. oryzae et E. rostratum. Les tests d'amplification PCR réalisés à partir des isolats des espèces cibles et de diverses espèces fongiques isolées du riz ont montré une très bonne sensibilité (taux de vrais positifs variant de 98 % à 100%), une très bonne spécificité (taux de vrais négatifs de 100%) et un faible seuil détection (0,01 ng/µL d'ADN ; 0,25% de grains infectés). Des détections ont été aussi possibles sur les feuilles de riz infectées.Cette étude a produit des connaissances nouvelles sur une maladie ré-émergente et fournit une base pour l'orientation des études futures sur la biologie et la génétique de B. oryzae et E. rostratum en Afrique de l'Ouest. Elle ouvre également des perspectives pour le suivi épidémiologique de l'helminthosporiose et pour une certification efficace des semences de riz au profit des producteurs.