Thèse en cours

Neuropathies auditives induites par les bruits impulsionnels

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 16/12/2022. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Paul Gratias
Direction : Jing Wang
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Biologie Santé
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-….)
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé (Montpellier ; Ecole Doctorale ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : INM - Institut des Neurosciences de Montpellier
Equipe de recherche : Audition
Jury : Président / Présidente : Jean-Luc Puel
Examinateurs / Examinatrices : Jing Wang, Paul Avan, Sylvie Cosnier-pucheu, Brigitte Malgrange, Anna Rita Fetoni
Rapporteurs / Rapporteuses : Paul Avan, Brigitte Malgrange

Résumé

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Alors que l’exposition sonore à des niveaux élevés de bruit endommage les cellules ciliées sensorielles de l'organe de Corti et entraîne l’apparition d’une perte auditive permanente, l'exposition à des niveaux sonores plus modérés entraine une perte auditive temporaire seulement. Cependant, bien que temporaire, cette surdité peut s’accompagner d’une déconnexion synaptique entre les cellules sensorielles auditives et les fibres du nerf auditif. Une fois déconnectées des cellules sensorielles, les fibres nerveuses auditives ne peuvent plus communiquer l’information acoustique vers le système nerveux central et finissent alors par dégénérer. Plus surprenant, la proportion de fibres auditives déconnectées peut atteindre 50 % sans que les seuils auditifs ne soit affectés. La compréhension de la parole en milieu bruyant est cependant altérée. Comme ces dommages du nerf auditif n’augmentent pas les seuils auditifs, ils ne peuvent pas être dépistés lors d'un test d'audiométrie standard. Cette affection a donc été qualifiée de surdité "cachée". La plupart des études menées sur la perte auditive cachée ont utilisé des paradigmes d'exposition au bruit qui sont très différents des conditions d'exposition auxquelles les patients sont confrontés dans la vie courante. L'exposition à un son non fluctuant, de fréquence stable, en bande étroite pendant plusieurs heures est rare dans le cadre personnel et professionnel. Les bruits impulsionnels transitoires rencontrés au cours de certaines activités professionnelles et de loisirs (explosions, armes à feu, machines et outils industriels ou de construction...) sont particulièrement dangereux pour l’audition. L'objectif de ma thèse était de déterminer si un bruit impulsionnel mimant la détonation d'une arme de feu peut provoquer une augmentation temporaire des seuils auditifs associée à une surdité cachée. Pour ce faire, nous avons mis au point un paradigme d'exposition au bruit impulsionnel permettant de provoquer une augmentation temporaire des seuils auditifs chez la souris. Nous avons pu démontrer que l'exposition au bruit impulsionnel (145 dB SPL crête, 700 impulsions, 1 impulsion/seconde) entraînait une augmentation aigüe des seuils auditifs de 30 dB en moyenne peu de temps après l'exposition. Après 2 semaines, les seuils auditifs retrouvaient leur niveau initial à l'exception des régions cochléaires les plus apicales où une élévation légère des seuils auditifs persistait. En dépit de la récupération des seuils auditifs, les amplitudes de l'onde I de l’ABR ont été réduites de manière durable ce qui traduit une perte des synapses reliant les cellules ciliées internes aux fibres du nerf auditif. Nous avons pu observer des dégâts au niveau des stéréocils des cellules ciliées externes, principalement dans la région apicale de la cochlée ce qui pourrait expliquer l’augmentation permanente des seuils auditifs dans les basses fréquences. La quantification des synapses auditives a révélé une perte synaptique, modérée mais réversible, dans la partie basale de la cochlée. L’évolution de l’organisation spatiale des rubans, ainsi que leur ultrastructure perturbée par l’exposition au bruit impulsionnel, révélaient une réparation partielle et incomplète de ces structures 2 semaines après l’exposition. Enfin, nous avons observé une augmentation du stress oxydant dans la cochlée ainsi qu’une augmentation de la réponse au sursaut acoustique suggérant une hyperacousie chez certains animaux après l’exposition au bruit impulsionnel. Ces résultats démontrent que le bruit impulsionnel, à l’instar du bruit continu, peut entrainer une surdité « cachée » dans la partie basale de la cochlée et que l’exposition au bruit impulsionnel à des niveaux modérés pourrait avoir des conséquences à long terme sur la perception auditive et l’intelligibilité de la parole dans le bruit.