Anatomie de la métropole périurbaine : revenus du travail, navettes domicile-travail et mouvements sociaux
Auteur / Autrice : | Thomas Delemotte |
Direction : | Francis Kramarz, Benoit Schmutz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 05/07/2022 |
Etablissement(s) : | Institut polytechnique de Paris |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche en Economie et Statistique (Palaiseau ; 1993-....) |
établissement opérateur d'inscription : École nationale de la statistique et de l'administration économique (Palaiseau ; 1960-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Florence Goffette-Nagot |
Examinateurs / Examinatrices : Francis Kramarz, Benoit Schmutz, Florence Goffette-Nagot, Laurent Gobillon, Clément Bosquet, Yanos Zylberberg, Clémence Tricaud | |
Rapporteur / Rapporteuse : Laurent Gobillon, Clément Bosquet |
Mots clés
Résumé
La localisation des emplois et de la population a considérablement évolué au cours du dernier demi-siècle, avec le développement de l'usage de la voiture individuelle et l'augmentation des distances domicile-travail. Cette évolution a conduit à l'émergence de la métropole périurbaine, symbole d'un nouvel équilibre urbain. En France, le mouvement des Gilets jaunes a été l'emblème de la remise en cause de cet équilibre. L'importance de la mobilisation a mis en lumière la dépendance des individus à la voiture dans leur vie quotidienne et la place de la métropole périurbaine dans la réorganisation de la localisation de la production. Une part importante du territoire a été bloquée dès le premier acte de la mobilisation du mouvement, en particulier en périphérie des centres urbains, ce qui souligne la nécessité de mieux comprendre cette redistribution spatiale des opportunités au cours des dernières décennies.Cette thèse vise à mieux comprendre le rôle des territoires, tant physiques que numériques, dans la formation des choix individuels. Ses chapitres contrastent l'effet des politiques publiques sur les individus en fonction de leur lieu de vie. Ils fournissent également des pistes pour leur meilleure mise en œuvre en tenant compte des contextes locaux. Enfin, à travers l'étude du mouvement social, cette thèse permet de mieux appréhender la dynamique des oppositions à l'action publique.Les deux premiers chapitres portent sur l'évaluation des politiques publiques et leur impact hétérogène entre localisations. Les deux derniers chapitres étudient le mouvement des Gilets Jaunes, qui s'enracine dans l'évolution du paysage métropolitain. Le premier chapitre examine l'effet des réformes du marché du travail, mises en œuvre au tournant des années 2000, sur les revenus du travail des individus. Il décrit en particulier les disparités entre les hommes et les femmes, ainsi que selon le lieu de résidence. Il montre que ces politiques sociales ont contribué à la réduction des inégalités entre les municipalités rurales et urbaines. Le deuxième chapitre décrit ensuite comment la construction de nouvelles infrastructures de transport a contribué à la création de la métropole périurbaine, à travers une étude de cas du plan d'urbanisme de Paris. Il montre que les améliorations ferroviaires (RER) et routières (highways) ont en fait été complémentaires pour soutenir l'extension géographique de la métropole. Ces deux chapitres fournissent donc une vue d'ensemble du développement de la société française au cours des dernières décennies.Cependant, cette dynamique de long terme a été atténuée, voire inversée, depuis le début des années 2010. En effet, les inégalités de revenus du travail ont eu tendance à se creuser à nouveau à la suite de la crise financière de 2008 et l'usage de la voiture individuelle a cessé d'être encouragé par les pouvoirs publics, dans un contexte d'augmentation du prix des carburants et de préoccupations écologiques. Dans ce contexte, la montée en puissance du mouvement des Gilets jaunes a été une surprise. Le troisième chapitre décrit cette mobilisation. Il montre que la contestation est liée aux contraintes de mobilité des individus et donc liée au développement de la métropole suburbaine. Le quatrième, et dernier chapitre, étudie la dynamique du mouvement. Il met en lumière l'interaction entre le développement de territoire en ligne et les actions hors ligne, ce qui explique comment le mouvement a pu rassembler des manifestants venant de lieux éloignés dès le premier jour des blocages de routes.