Thèse soutenue

Apport de la géochimie et de la géochronologie à la connaissance de l’histoire des usages des instruments de musique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Marie-Gabrielle Durier
Direction : Christine Hatté
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physico-chimie de l'atmosphère
Date : Soutenance le 09/05/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 1998-....)
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Géosciences, climat, environnement et planètes (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Valérie Daux
Examinateurs / Examinatrices : Martine Regert, David Strivay, Irka Hadjas, Pascale Vandervellen
Rapporteur / Rapporteuse : Martine Regert, David Strivay

Résumé

FR  |  
EN

Le travail de thèse présenté ici s'inscrit dans une stratégie générale initiée par le Musée de la musique de Paris visant à intégrer des approches archéométriques dans les efforts de documentation des instruments de musique en tant qu'objet d'usage, témoin matériel des exigences musicales et culturelles environnantes. Les instruments de musique ayant été produits selon des pratiques artisanales de transmission orale, ils sont rarement associés à des sources écrites précises.L'objectif de cette recherche est d'explorer la faisabilité et les limites d'interprétation de deux techniques avancées largement appliquées sur les archéomatériaux, la géochronologie 14C (chronologie) et la géochimie isotopique du strontium (traceur d'origine géographique), aux problématiques spécifiques des collections muséales d'instruments modernes, datés essentiellement des 17ème et 18ème siècles. Nos recherches se sont concentrées sur les vernis huile de lin/colophane, porteurs de l'histoire matérielle des usages. Le corpus d'étude a été étendu au mobilier et aux hippomobiles du début du 18e s. En effet, les vernis originaux à base d'huile de lin et de colophane y ont été conservés et les problématiques d'usage s'y trouvent aussi présentes. Le corpus comprend également des cordes de boyaux anciennes, celles-ci étant témoin de l'usage musical de l'instrument de musique.Le partenariat entre le Musée de la musique de Paris et le Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE) combine l'expertise indépendante du musée avec les technologies les plus pointues pour les mesures d'activité 14C (MICADAS) et d'isotopie du strontium (MC-ICP-MS Neptune). Ce travail repose sur ces deux approches combinées à la documentation historique et une large palette d'outils d'analyse en caractérisation des matériaux.Le volet géochronologie 14C de cette recherche a débouché sur le développement de protocoles d'échantillonnage et de traitements chimiques permettant d'analyser les matériaux du patrimoine selon leur nature. L'environnement chimique complexe et composite des revêtements nécessite, en effet, des développements méthodologiques pour extraire le ''bon'' carbone à dater. L'étude a également apporté des éléments pour d'approfondir la connaissance des objets analysés et leurs usages, comme l'impact de certaines restaurations, le réemploi de matériaux ou la nature de certains ingrédients.Le volet d'étude de provenance par isotopie du strontium s'est concentrée sur une étude de faisabilité sur les liants organiques (colophane). La conservation de la signature 87/86Sr depuis le substratum jusqu'à la résine de pin et la colophane obtenue par distillation a été validée par les analyses isotopiques sur un corpus de couples sol/résine et de trios sol/résine/colophane d'origine connue. Une sélection de colophanes trouvées sur le marché actuel fournit des mesures cohérentes du rapport 87/86Sr avec les cartes géochimiques.Cette recherche doctorale met en évidence l'état d'avancement des adaptations méthodologiques de la géochronologie 14C et de la géochimie isotopique du strontium appliquées aux vernis anciens à l'huile/colophane du 17ème et du 18ème siècle. Elle montre la possibilité de surmonter des écueils tels que la taille de l'échantillon pour la datation au radiocarbone (en respectant l'intégrité des objets du patrimoine) ou la réduction du niveau de contamination pour les mesures isotopiques sur les résines de pin. Elle a fait l'objet de trois publications (Durier et al. 2019 Radiocarbon, Durier et al. 2021 Heritage Science, Durier et al. 2022 Techné). La recherche ouvre de nouvelles perspectives pour aborder les questions de contrefaçon non documentées, de retouches, d'interventions d'entretien ou de restauration sur les instruments de musique, et pour mettre en évidence des liens entre les anciens centres de production de résines naturelles et les centres historiques de fabrication de violons.