Thèse soutenue

Bandes de couvert d’interculture conservées en culture de maïs : effets sur les arthropodes rampants, la prédation par les prédateurs généralistes, et les pollinisateurs

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Auteur / Autrice : Coralie Triquet
Direction : Alexander WezelAurélie Ferrer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Agro-écologie
Date : Soutenance le 24/05/2022
Etablissement(s) : Paris, AgroParisTech
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Agroécologie et environnement (AGE) - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Muriel Valantin-Morison
Examinateurs / Examinatrices : Aurélie Ferrer, Jean-Louis Hemptinne, Sandrine Petit-Michaut, Sylvaine Simon, Adrien Rusch
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Louis Hemptinne, Sandrine Petit-Michaut

Résumé

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L'intensification de l'agriculture, avec l’utilisation massive d’intrants, la simplification du paysage et la réduction des habitats semi-naturels, est identifiée comme un facteur important du déclin des arthropodes. Or, les arthropodes fournissent des fonctions et des services écosystémiques essentiels dans les agroécosystèmes et pour les activités agricoles, comme la régulation naturelle des ravageurs et des adventices ou la pollinisation. Augmenter la diversité végétale dans les parcelles cultivées, grâce aux pratiques et infrastructures agroécologiques, est une approche prometteuse pour favoriser la présence d’arthropodes et les services écosystémiques qu’ils fournissent. L’enjeu de cette thèse était de concevoir et d’expérimenter une pratique agroécologique innovante en culture de maïs, qui soit facile à insérer dans les systèmes de cultures existants, et qui fournisse un habitat peu perturbé pour les arthropodes rampants ainsi que des ressources florales supplémentaires pour les pollinisateurs. L’idée de la pratique proposée est de valoriser les couverts d’interculture en conservant une bande du couvert non détruite au milieu de la parcelle, et ce tout au long de la culture du maïs. Ainsi, les deux objectifs principaux du travail de thèse étaient : i) de mesurer l’impact de la pratique sur les arthropodes épigés, sur leur dispersion (spillover) dans la zone cultivée, et sur le potentiel service de régulation des ravageurs dans la culture, et ii) de mesurer l’intérêt de la pratique pour la conservation des pollinisateurs sauvages dans les milieux intensivement cultivés.Des expérimentations ont été mises en places sur 12 parcelles d’agriculteurs volontaires en 2019 et en 2020, afin de prendre en compte les contraintes techniques et réglementaires des agriculteurs en système de grandes cultures conventionnel. Nous avons suivi les communautés d’arthropodes rampants (carabes, araignées, staphylins et opilions), les limaces (le ravageur principal du maïs dans la zone d’étude), et les insectes pollinisateurs (abeilles et syrphes). Nous avons analysé les dynamiques spatio-temporelles de ces différents groupes, ainsi que des taux de prédation sur les proies sentinelles, et de la composition des communautés de carabes et d’abeilles sauvages.Les résultats montrent que les bandes de couvert conservées constituent des réservoirs de biodiversité, en particulier pour les carabes, les araignées et les abeilles. Dans la zone cultivée en maïs, aucun effet de la distance à la bande indiquant un potentiel spillover des arthropodes dans la culture n’a été détecté pour les différents groupes d’arthropodes rampants. Cependant, deux des espèces de carabes majoritaires (Poecilus cupreus et Pterostichus melanarius) étaient plus abondantes dans la culture à proximité de la bande (10 mètres) que dans la bande, indiquant un potentiel phénomène d’agrégation de ces espèces vers la bande. Les taux de prédation, quant à eux, étaient plus élevés dans la bande et semblaient diminuer à mesure de l’éloignement de la bande. Les analyses montrent que les communautés de carabes et d’abeilles sont différentes d’un habitat à l’autre, ainsi que la distribution de leurs traits écologiques. De fait, les résultats indiquent que les bandes fournissent un habitat et des ressources complémentaires aux cultures et aux bordures de champs. Enfin, les plantes à fleur spontanées se sont révélées essentielles pour les abeilles oligolectiques et moins communes.La conservation d’une bande de couvert d’interculture au centre des parcelles peut donc être une pratique efficace pour la préservation de la biodiversité dans les paysages agricoles, mais aussi pour augmenter le potentiel service de régulation des ravageurs au sein des cultures. De manière plus générale, les résultats mettent en avant l’importance de préserver voire d’étendre les habitats semi-naturels pérennes tels que les bordures de champs.