Thèse soutenue

Interaction chimique à haute température entre les matériaux absorbants et le corium lors d’un accident grave dans un réacteur RNR-Na

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Auteur / Autrice : Mathieu Garrigue
Direction : Christine GuéneauAndrea Quaini
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie
Date : Soutenance le 27/01/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences chimiques : molécules, matériaux, instrumentation et biosystèmes
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Service de la corrosion et du comportement des matériaux dans leur environnement (Gif-sur-Yvette, Essonne)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Chimie (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Christophe Journeau
Examinateurs / Examinatrices : Andrea Quaini, Jean-Marc Fiorani, Olivier Dezellus, Anna Smith, Jean-Marc Joubert
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Marc Fiorani, Olivier Dezellus

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Lors d’un accident grave dans un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium (RNR-Na), le combustible nucléaire (U,Pu)O₂ peut réagir avec la gaine en acier et le matériau absorbant (B₄C) pour former un mélange partiellement ou totalement fondu, appelé « corium ». L’objectif de la thèse est d’étudier les réactions chimiques menant et les mécanismes de formation du corium par une approche thermodynamique sur le système prototypique (Pu – U – O – Fe – Cr – Ni – B – C). La démarche utilisée dans la thèse est basée sur la méthode CALPHAD qui permet de modéliser les propriétés thermodynamiques et les équilibres de phase de ce système complexe à partir de données expérimentales et de calcul. La base de données TAF-ID a été utilisée.Les interactions chimiques à haute température dans les systèmes (U,Pu)O₂ – acier – B₄C et UO₂ – acier – B₄C ont été étudiées par des traitements thermiques à 1923 K et 2173 K. Dans cette gamme de température le combustible oxyde est en contact avec une phase liquide métallique issue de la fusion du mélange acier-B₄C. Une réaction de carbo-réduction de l’oxyde par le carbone dissout dans la phase liquide se produit. Cette réaction mène à la production de CO(g) et à la dissolution d’une faible fraction d’U et de Pu dans la phase liquide métallique. Des mesures de spectrométrie de masse à haute température sur les systèmes (U,Pu)O₂ – Fe – B₄C et PuO₂ – Fe – B₄C ont confirmé le relâchement de principalement CO(g), mais aussi de CO₂ (g) et BO(g), pendant la réaction, prédit par le calcul thermodynamique. Ces essais ont aussi montré une influence de la teneur en Pu du combustible sur la réaction de carbo-réduction. L’augmentation de la teneur en Pu tend à augmenter le potentiel d’oxygène du combustible et donc à favoriser la réduction de l’oxyde par carbo-réduction. Enfin, un essai par chauffage laser sur le système (U,Pu)O₂ – B₄C dans le dispositif RADES a montré que la réaction de carbo-réduction se produit même dans ces conditions de cinétique très rapide.L’analyse détaillée de la microstructure des échantillons a montré la formation de nombreuses phases lors de la solidification de la phase liquide métallique. La présence des borures mixtes du type (Fe,Cr)Bx et U(Fe,Ni)yBx n’était pas prédite par les calculs avec la TAF-ID car les systèmes ternaires Cr – Fe – B et U – Fe – B n’étaient pas modélisés. La modélisation des systèmes ternaires B – Cr – Fe et B – Fe – U a donc été effectuée avec la méthode CALPHAD. Pour cela, chaque système a fait l’objet d’une étude spécifique pour compléter les données de la littérature. Des données de diagramme de phase ont été mesurées sur le système B – Cr – Fe par des essais d’analyse thermique et des traitements thermiques. Pour le système B – Fe – U, les propriétés thermodynamiques des composés ternaires ont été déterminées par des calculs DFT couplés à un modèle quasi-harmonique. Avec la prise en compte de ces deux modèles sur les ternaires B – Cr – Fe et B – Fe – U, les chemins de solidification calculés sont en très bon accord avec les microstructures observées.Finalement, sur la base des résultats expérimentaux et de calcul, un mécanisme a été proposé pour expliquer les différentes étapes de la réaction de carbo-réduction.Ce travail montre que l’approche par le calcul thermodynamique est indispensable pour décrire les réactions chimiques à haute température se produisant dans le corium lors d’un accident grave dans un réacteur RNR-Na. Un couplage pourrait être envisagé entre le code Open Calphad, la TAF-ID et les codes de simulation d’accident grave comme SIMMER pour améliorer la description physico-chimique du corium dans ces codes.