Thèse soutenue

Le paradigme de l’abdication. Étude sur les modalités du renoncement à l’exercice de la puissance et ses implications théologico-politiques chez Simone Weil

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Auteur / Autrice : Alexandra Féret
Direction : Emmanuel Cattin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Sorbonne université en cotutelle avec Università del Salento
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Métaphysique, histoires, transformations, actualité (Paris)
Jury : Président / Présidente : Franck Fischbach
Examinateurs / Examinatrices : Maria Cristina Fornari, Rita Fulco, Natascia Mattucci
Rapporteurs / Rapporteuses : Franck Fischbach, Olivier Boulnois

Résumé

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Cette étude de l’œuvre weilienne interroge les implications politiques et théologiques du paradigme de l’abdication. Au niveau politique, le double constat de l’impossibilité aussi bien d’abdiquer sa puissance que de la posséder, donne lieu à une anthropologie politique et sociale conflictuelle fondée sur la lutte pour la puissance. L’instabilité du pouvoir apparaît alors comme une donnée irréductible du politique et non comme la justification de l’absolutisme. Au niveau théologique, Weil prolonge les réflexions sur les limites de l’exercice de la puissance divine, tout en se distinguant de ceux qui défendent l’idée d’un Dieu faible, impuissant et au secours duquel il faudrait venir. La reformulation du problème de la théodicée – Dieu est tout-puissant, mais ne commande pas partout où il en a le pouvoir – permet de rompre définitivement avec la solution trop hâtive du Dieu impuissant, ou en puissance. Une autre figure de la création, celle du Dieu abdiquant, permet d’éclairer un double phénomène propre à la modernité identifié par Weil à une forme d’idolâtrie : la théologisation ou sacralisation abusive du politique et la dépolitisation de la société. Face à ce réinvestissement moderne de la catégorie du sacré – non seulement au sens d’une supériorité et d’une exclusivité, mais aussi et surtout d’une exemption morale – le paradigme de l’abdication de la souveraineté permet de redéfinir les contours du théologico-politique hors de toute imbrication illégitime du religieux et du politique.