Thèse soutenue

Conceptions de l’authenticité dans les récits de voyages contemporains : de la nature sibérienne à l’Amérique hyperréelle

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Auteur / Autrice : Ana Calvete
Direction : Héliane VenturaKai Mikkonen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Littératures, Arts et Civilisations du Monde Anglophone
Date : Soutenance le 19/12/2022
Etablissement(s) : Toulouse 2 en cotutelle avec Helsingin yliopisto (Finland)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre for anglophone studies (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Charles Forsdick
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Keller, Merja Polvinen, Pirjo Kristiina Virtanen
Rapporteurs / Rapporteuses : Charles Forsdick, Stacy Burton

Résumé

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À l’heure de la postmodernité, le concept d’ « authenticité » apparaît comme un mythe remis en question avec les autres métarécits, et les chercheurs en études touristiques considèrent comme vaine la quête de l’authenticité que poursuivent certains voyageurs. Les spécialistes de la littérature de voyage continuent pourtant à faire usage de l’adjectif « authentique » pour décrire le type d’expérience que certains écrivains voyageurs recherchent ou atteignent, sans pour autant expliquer avec précision l’usage qu’ils font de ce terme.Identifier ce qui est dépeint implicitement ou explicitement comme étant « authentique » dans le voyage : tel est l’objectif de ce travail. Quelles conceptions de l’authenticité dominent la littérature de voyage de l’extrême contemporain ? Quelles conceptions de l’authenticité les écrivains voyageurs remettent-ils en question ? Il s’agira d’abord de déterminer ce que quatre écrivains voyageurs présentent comme étant authentique dans leur expérience de la nature sauvage (Colin Thubron, Sara Wheeler, Peter Matthiessen, Sylvain Tesson), puis d’analyser les transformations subies par le concept d’authenticité dans les récits de voyage de sémioticiens qui abordent des questions sémiotiques liées à la langue, à l’art, à la culture et à l’hyperréalité (Umberto Eco, Jean Baudrillard, Roland Barthes).Nous tâcherons de comprendre l’origine de ces conceptions de l’authenticité et de mettre au jour leurs prémisses et paradoxes ainsi que les problèmes éthiques qu’elles soulèvent. Pour ce faire, la méthode choisie associe une analyse des moyens formels, stylistiques et rhétoriques utilisés par les auteurs pour produire certains effets à une critique idéologique de la portée de leurs choix représentationnels. Le corpus sera notamment examiné à la lumière des concepts de « discours de la toxicité » développé par les fondateurs de l’écocritique, Lawrence Buell et Greg Garrard ; de « devenir-animal », théorisé par Gilles Deleuze et Félix Guattari ; d’ « opacité » telle que l’a définie Édouard Glissant et d’ « altérité radicale », concept créé par Lisa Isherwood et David Harris.Trois grandes conceptions de l’authenticité dominent ces récits de voyage : l’authenticité des cultures qui correspondent à un idéal exotique et traditionaliste, l’authenticité de la nature comme sanctuaire où le voyageur retrouve la partie de lui-même qu’il juge authentique, et l’authenticité postmoderne comme geste rhétorique qui consiste à reconnaître l’écart qui sépare le monde de sa représentation (littéraire ou artistique). Certaines de ces conceptions semblent héritées des conventions qui ont marqué le genre de la littérature viatique, certaines sont liées aux systèmes théoriques développés par une partie des écrivains étudiés, et d’autres encore se sont développées en réponse aux changements esthétiques associés à la postmodernité.