Apprentissage des étudiants en médecine lors de pédagogies par simulation humaine en psychiatrie
Auteur / Autrice : | Marie-Aude Piot |
Direction : | Bruno Falissard, Antoine Tesnière |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Technologie application médicale, diagramme, thérapie, santé publique |
Date : | Soutenance le 01/12/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Anne-Catherine Rolland |
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Catherine Rolland, Carmen Schröder, Sylvie Nezelof, Agnès Dechartres | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Catherine Rolland, Carmen Schröder |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Introduction: La plupart des médecins accompagnent des personnes avec des troubles psychiques. Mais les opportunités formatives auprès des patients restent limitées. Par sa valence expérientielle et interactive, la simulation pourrait en partie dépasser ces limites. Cependant, son intérêt reste controversé en psychiatrie. Objectifs: Ce travail vise à évaluer l'efficacité de la simulation en psychiatrie pour les étudiants en médecine et médecins; et à explorer les processus d'apprentissage des externes en médecine lors de simulations psychiatriques. Méthodes:Nous avons mené une revue systématique de la littérature avec méta-analyses. Nous avons recherché dans huit bases de données et journaux de référence jusqu'au 31 août 2018. Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) et non randomisés ainsi que les études avant-après. Le critère de jugement principal était les niveaux de la classification de Kirkpatrick. Nous avons également effectué deux études qualitatives en théorisation ancrée: l'une -monocentrique- qui explorait un jeu de rôle, a analysé 13 entretiens d'étudiants et ceux des 6 enseignants qui les ont formés; l'autre - multicentrique- qui explorait 6 simulations avec PS, a analysé 21 entretiens d'étudiants. Ces analyses ont été comparées avec celles des analyses des vidéos des jeux (de rôle ou de PS) et des enregistrements audio des débriefings. Résultats:Sur les 46 571 études identifiées, nous avons sélectionné 163 études et combiné 27 ECR. Les méta-analyses ont retrouvé une différence significative dans les tests immédiatement après l'intervention en faveur de la simulation comparée aux groupes contrôle actifs et inactifs sur les attitudes, habiletés, connaissances et comportements des participants. Une différence significative a été retrouvée 3 mois après l'intervention dans le bénéfice pour les patients et les comportements et habiletés des participants. Cinq thèmes ont émergé des jeux de rôle: améliorer la perception immédiate des patients avec un trouble psychique; cultiver le raisonnement clinique; gérer les affects; améliorer les habiletés et attitudes; soutenir l'investissement dans l'apprentissage en psychiatrie. Trois thèmes ont émergé des simulations avec PS: développer et structurer les représentations de la psychiatrie; intégrer la subjectivité dans l'apprentissage; affiner et développer la praxis psychiatrique. Discussion: Malgré l'hétérogénéité des méthodes et interventions, notre revue de littérature démontre l'efficacité de la simulation en psychiatrie. La simulation psychiatrique humaine étaie l'intuition et l'imagination des étudiants, développe et nuance leurs représentations, et dessine une synthèse équilibrée des troubles mentaux. La confrontation aux situations cliniques questionne et transforme leurs à priori sur la psychiatrie. L'étayage polyphonique du groupe de pairs et de l'enseignant soutient la réflexivité, l'élaboration et la régulation émotionnelle, et le questionnement éthique. L'expérience du jeu ouvre un espace potentiel permettant la subjectivation de l'apprentissage, la construction progressive des compétences d'entretien et un investissement authentique des patients. Néanmoins, certaines conditions pédagogiques favorisant un investissement sécure et l'élaboration psychique des étudiants semblent déterminantes. Il s'agit notamment d'une atmosphère bienveillante, d'une bonne validité de contenu dans les scènes jouées, d'un positionnement de médiateur et modèle de rôle de l'enseignant, de la capacité de l'enseignant à contenir la dynamique groupale et la résonnance entre la subjectivité mobilisée par l'apprentissage et l'histoire psychiatrique personnelle des étudiants, des modalités d'intégration curriculaire (dont les pédagogies adjuvantes), ainsi que de l'alignement pédagogique entre évaluations formatives et sommatives. Conclusion: La simulation humaine en psychiatrie pourrait développer l'empathie envers les patients psychiatriques et limiter leur stigmatisation.