Thèse soutenue

Les conséquences des mutilations génitales féminines sur la santé maternelle et périnatale dans le contexte européen. Le cas de la France.

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Auteur / Autrice : Fatoumata Sylla
Direction : Armelle AndroCaroline Moreau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Soutenance le 24/10/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Santé et droits sexuels et reproductifs. UR14 (Aubervilliers) - Santé et Droits Sexuels et Reproductifs
référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé publique (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Arnaud Fauconnier
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Godin, Jasmine Abdulcadir, Anne Thiébaut
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Godin, Jasmine Abdulcadir

Résumé

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Les mutilations génitales féminines (MGF) sont un ensemble de pratiques corporelles répandues dans plusieurs régions du monde et affectant des millions de filles et de femmes. Malgré les campagnes de prévention, les MGF persistent dans les régions où elles sont traditionnellement pratiquées ainsi que dans certaines régions d'immigration tels qu'en Europe, et particulièrement en France. L'existence de séquelles systématiques des MGF, telles que les complications obstétricales, a fait l'objet de nombreux débats au cours des dernières décennies. Face aux évolutions spatio-temporelles des MGF, la production de connaissances biomédicales sur leurs conséquences lors de la grossesse et à l’accouchement est au cœur de notre réflexion qui se décline en trois axes. Axe 1 : Trois revues de la littérature suggèrent que les risques obstétricaux liés aux MGF sont principalement attribués à la cicatrisation résultant de la procédure. Toutefois, la robustesse méthodologique de ces synthèses est discutable et ne permet pas de discerner l'effet lié aux MGF de celui lié au contexte d’accouchement. Nous avons actualisé ces connaissances en Europe et en Afrique par une revue systématique de la littérature et une méta-analyse à l'échelle de 111 558 femmes, en tenant compte du contexte d’accouchement. Notre étude suggère l’existence de risques de complications maternelles (hémorragies) ainsi qu’une fréquence accrue d’interventions obstétricales (épisiotomie, césarienne) chez les femmes concernées. Cependant, ces risques varient selon la méthodologie des études, le pays d’accouchement (pays à haut revenus versus pays à faible revenus) et les caractéristiques individuelles des femmes (parité). Nos résultats contribuent à l’élaboration d’un cadre référentiel en soulignant l’importance de la prise en compte du contexte d’accouchement. Axe 2 : En France, l’enquête Excision et Handicap (ExH) menée auprès de 2882 femmes montre que certains risques de santé sont plus importants chez les femmes ayant subi une MGF, mais l’estimation des risques obstétricaux n’avait pas été approfondie. A partir du cadre référentiel proposé dans la méta- analyse, nous avons étudié les risques de complications maternelles et périnatales associées aux MGF, en tenant compte des caractéristiques sociodémographiques des femmes, de leur histoire génésique et de leurs conditions d’accouchement. Nos résultats montrent un risque accru de déchirures périnéales chez les femmes accouchant avec une forme de MGF, y compris en France, suggérant l’insuffisance d’interventions obstétricales visant à prévenir ces complications. Notre étude confirme aussi l’importance de tenir compte de facteurs de risques liés au contexte d’accouchement. Axe 3 : L’Organisation Mondiale de la Santé classe les MGF en quatre catégories selon l’étendue anatomique des dommages causés. Bien que cette classification présente plusieurs utilités dans l’évaluation du risque de survenue de complications obstétricales liées aux MGF, elle présente aussi des limites. A partir des données de l’enquête ExH, nous avons exploré ces limites en étudiant l’effet de la typologie anatomique des MGF et celui du vécu des séquelles psychologiques et physiques liées aux MGF sur la survenue de complications maternelles et périnatales. Nos analyses restreintes aux types I et II majoritairement représentés, n'ont pas montré de différences significatives entre ces deux formes. Cependant, elles indiquent une association entre l'expérience des MGF et la survenue d'épisiotomie et d'hémorragie du post-partum. Le risque d’épisiotomie était particulièrement accru lorsque les femmes cumulaient des problèmes de santé liés aux MGF et des souvenirs traumatisants ou douloureux. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les avantages d’interventions obstétricales telles que l’épisiotomie qui n'est pas sans risques propres en termes de lésions engendrées pouvant s'étendre sur la période post-partum.