Thèse soutenue

Le Nigéria en mouvement(s) : la place des mouvements féminins et féministes dans les luttes socio-politiques nationales (1944-1994)

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Auteur / Autrice : Sara Panata
Direction : Anne Hugon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 11/09/2020
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut des mondes africains (France ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Johanna Siméant-Germanos
Examinateurs / Examinatrices : Anne Hugon, Abosede A. George, Florence Rochefort
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Claire Barthélémy, Laurent Fourchard

Résumé

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Le Nigéria en mouvement(s), revient sur le parcours de onze mouvements féminins et féministes nigérians au fil d’un demi-siècle d’action socio-politique, et tend ainsi un autre miroir à l’histoire du pays. Cette étude commence en 1944, alors que le pays est une colonie britannique, avec l’avènement d’une forme organisationnelle particulière : les mouvements de femmes nationaux et autonomes vis-à-vis des institutions et d’autres acteurs politiques. De manière singulière par rapport à d’autres pays, ce pôle associatif indépendant est l’acteur privilégié pour les questions socio-politiques liées aux femmes sur cinquante ans d’histoire. L’étude se penche sur la place que ces mouvements ont envisagé de dessiner pour les femmes au sein de la nation (coloniale puis indépendante), sur les droits qu’ils ont réclamés, et sur les chemins collectifs empruntés pour les obtenir. Hétéroclites et représentant une gamme très large d’orientations intellectuelles, ces onze mouvements se rapprochent par leur engagement contre l’infériorisation des femmes dans la société et par une volonté de parler pour toutes les Nigérianes (ou pour un large sous-ensemble à base religieuse). Au travers d’archives privées et militantes inédites, de documents coloniaux, d’histoires de vie, cette thèse montre le rôle primaire joué par ces mouvements dans la définition des citoyennetés nigérianes et invite à réexaminer la manière dont ils ont cherché à dépasser les fractures internes pour penser le pays en tant qu’ensemble unitaire. Suivant les parcours biographiques militants, ce travail amène également à considérer l’internationalisation de ces mouvements et son impact sur les mobilisations internes. À la croisée entre histoire africaine, études de genre et sociologie des mouvements sociaux, cette thèse plaide pour la révision d’une approche centrée sur les grands événements et acteurs historiques, souvent privilégiés dans l’étude des mobilisations féminines en Afrique, tels que les mouvements nationalistes pour l’indépendance ou les moments de démocratisation. Une nouvelle périodisation est ainsi proposée : les mobilisations sont envisagées comme un continuum fluctuant comprenant des phases ascendantes et descendantes, ce qui permet d’en restituer les nuances, de retracer des trajectoires intellectuelles sur la longue durée, et de comprendre les mécanismes de transmission. Ainsi, l’étude de ces mouvements dans leur continuité, en échappant à un regard téléologique qui se concentre sur les changements socio-politiques majeurs, révèle des actrices, des mobilisations, et des modes d’action occultés par l’historiographie. Cette histoire s’achève en 1994, quand cette forme organisationnelle s’essouffle, non sans avoir entre temps fait bouger les lignes de l’histoire socio-politique du pays.