Thèse soutenue

Résistance du moustique Anopheles gambiae à Fludora® Fusion, une nouvelle combinaison d’insecticides à double mode d’action utilisable en pulvérisation intra domiciliaire. Réponse adaptative et interactions gènes-environnement

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Auteur / Autrice : Gonsé Marius Zoh
Direction : Stéphane ReynaudJean-Philippe David
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biodiversité écologie environnement
Date : Soutenance le 28/06/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'ECologie Alpine - Laboratoire d'Ecologie Alpine
Jury : Président / Présidente : François Pompanon
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Reynaud, Jean-Philippe David, Gaëlle Le Goff, Charles Wondji
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Corbel, Raphaël N'Guessan

Résumé

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Afin de lutter contre la résistance des vecteurs du paludisme aux pyréthrinoïdes, le groupeBayer a récemment développé une nouvelle formulation d’insecticides (Fludora® Fusion)combinant la deltaméthrine (pyréthrinoïdes de classe II) et la clothianidine (néonicotinoïde)pour une utilisation en pulvérisation intra-domiciliaire. Bien que cette combinaison montre une bonne efficacité opérationnelle, son efficacité à long terme n’a pas été évaluée. Dans ce contexte, ce travail de thèse visait à étudier, au laboratoire sur plusieurs générations, la dynamique d’apparition de la résistance à Fludora® Fusion et à ses deux composants chez le moustique An. gambiae ainsi qu’à caractériser les mécanismes de résistance associés par une approche de transcriptomique. En parallèle une étude de l’impact de la présence à faible dose de pesticides agrochimiques dans les gîtes larvaires sur la tolérance des adultes à Fludora®Fusion et à ses deux composants a été réalisée.Une lignée d’An. gambiae portant des allèles de résistance à plusieurs famillesd'insecticides à basse fréquence a été sélectionnée sur plusieurs générations avec ladeltaméthrine seule, la clothianidine seule ou bien la combinaison Fludora® Fusion. Cette étudea confirmé le potentiel de Fludora® Fusion à retarder la sélection de la résistance par rapport àses deux composants utilisés seuls. Les résultats obtenus montrent que la sélection avec ladeltaméthrine seule a engendré une augmentation rapide de la résistance, principalement associée à la mutation de cible Kdr L1014F. La sélection avec la clothianidine seule a conduit à l’émergence d’une résistance métabolique modérée associée aux enzymes de détoxication,notamment les cytochromes P450s (gènes CYPs). Les données de polymorphisme ont mis enévidence une forte signature de sélection associée à la résistance à la clothianidine affectant uncluster de gènes CYPs précédemment associés à la résistance. Des analyses complémentairesont révélé que la sur-expression et la sélection d’un variant protéique du gène CYP6M1 sontassociés au phénotype de résistance observé.Concernant l’effet de l’environnement sur la tolérance à Fludora® Fusion, l’exposition delarves d’An. gambiae à une dose sub-létale d’un mélange de pesticides agrochimiques aengendré une augmentation significative de la tolérance à la clothianidine et au mélangeFludora® Fusion chez les femelles adultes, suggérant que l'efficacité du mélange reposeprincipalement sur la clothianidine et que la tolérance à ce néonicotinoïde est affectée par leprésence de composés agrochimiques. L’analyse par transcriptomique réalisée chez des larvesexposées ou non et les adultes issus de ces larves a révélé une sur-transcription de nombreuxgènes codants pour des protéines cuticulaires et des P450s dont certains ont déjà été associés àla résistance à la clothianidine. Dans l'ensemble, cette thèse confirme la valeur ajoutée de la combinaison Fludora® Fusionen lutte anti-vectorielle et son potentiel en termes de gestion de la résistance. Ces travaux confirment également que, comme chez les ravageurs de cultures, l’utilisation seule des néonicotinoïdes en lutte anti-vectorielle est fortement susceptible d’engendrer l’émergence d’une résistance chez An. gambiae et que les activités agricoles peuvent impacter la tolérance des moustiques à cette famille d’insecticide.