Thèse soutenue

Dans les plis de I'ethnie : pouvoirs et société au nord du Rwanda (1930-I961)

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Auteur / Autrice : Florent Piton
Direction : Odile GoergJoseph Gahama
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire. Histoire de l’Afrique
Date : Soutenance le 15/12/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Didier Nativel
Examinateurs / Examinatrices : Didier Nativel, Florence Bernault, Henri Médard, Richard Banégas, Christine Deslaurier, François Robinet
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Bernault

Mots clés

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Résumé

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Ce travail examine l’histoire sociale et politique du Rwankeri et du Buhoma, dans le territoire de Ruhengeri au nord du Rwanda, depuis les réformes administratives des années 1930 jusqu’à la révolution socio-raciale de 1959-1961. La construction historique des catégories ethniques est un phénomène bien étudié par l’historiographie. L’objectif de cette thèse est de montrer comment la mobilisation sociale et politique de ces catégories s’effectue au niveau microlocal, dans la répartition des fonctions administratives de chefs et de sous-chefs, à travers les premiers scrutins électoraux en 1956, 1960 et 1961, et pendant la révolution ayant conduit à la mise en place d’un régime républicain au moment de l’indépendance. Les enjeux liés aux appartenances régionales et lignagères, corrélées aux modalités spécifiques de l’appropriation foncière dans les marges septentrionales rattachées tardivement au royaume du Rwanda, apparaissent longtemps déterminants. Dans ce cadre, le référent dit ethnique apparaît tantôt comme un paravent, tantôt comme un outil aux mains des acteurs politiques pour asseoir leur influence. On s’intéresse tout particulièrement à ceux qu’on appelle les Bagogwe, du nom de deux lignages « tutsi », longtemps identifiés comme « autochtones » et à ce titre distincts d’autres familles « tutsi » installées plus tardivement dans la région, dans le sillage des réformes administratives des premières décennies du xxe siècle. D’abord protégés en 1959 lorsque surviennent les premières violences anti-Tutsi, ils deviennent progressivement la cible d’attaques et d’appropriations foncières, ce qui les conduit eux-mêmes à modifier leurs stratégies politiques au sein des luttes partisanes. De la sorte, la thèse interroge la chronologie et les spécificités locales de l’ethnicisation du politique au Rwanda. Dans le même temps, elle montre que la compétition politique emprunte à de multiples autres canaux liés aux transformations sociales, religieuses et économiques héritées du temps colonial et irréductibles à ce phénomène d’ethnicisation