Thèse soutenue

Dépendance à l’alcool et Temporalité : du ratage à la rencontre inattendue
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Auteur / Autrice : Mathieu Moreau
Direction : Rosa Caron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Recherches en Psychanalyse et Psychopathologie
Date : Soutenance le 16/11/2019
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
Jury : Président / Présidente : Thamy Ayouch
Examinateurs / Examinatrices : Rosa Caron, Thamy Ayouch, Gérard Pirlot, Isabelle Launay
Rapporteurs / Rapporteuses : Gérard Pirlot, Isabelle Launay

Résumé

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La rencontre clinique avec des sujets alcoolodépendants pose la question de l’inscription temporelle. Ce travail de recherche vise à explorer à travers plusieurs situations cliniques, les liens intimes entre l’identité, la mémoire et la subjectivité à partir d’un regard croisé entre philosophie, psychanalyse et phénoménologie. Plusieurs phénomènes rendent compte de l’altération de ces trois dimensions constitutives de l’être-là : des évènements traumatiques passés se télescopent avec le présent et ils obturent le futur, des troubles mnésiques énigmatiques comme les blackouts alcooliques posent la question du maintien de soi dans le temps, le présent vivant et porteur d’espoirs pour le futur se resserre sur l’instant froid, le sujet est plongé dans l’attente angoissée d’une rechute. La présence à soi et au monde se trouble et le présent devient inhabitable. Cette série de traits psychopathologiques n’est pas le fait de l’alcool mais elle résulte d’une organisation de la personnalité qui nécessite cette substance pour réguler son économie psychique. L’alcool constitue pour l’éthylique une manière de reconstituer le temps à travers « un squelette temporel » qui le protège des affres de la discontinuité des évènements. Il manque au sujet dépendant à l’alcool le décalage nécessaire pour qu’une temporalisation de son expérience puisse se déployer. Le travail psychothérapeutique d’orientation psychanalytique introduit l’écart nécessaire pour que le « Je » puisse s’ouvrir au mouvement réflexif et se reconnaître dans une histoire dont le sujet devient le quasi-personnage. La « décongélation » du psychisme du sujet dépendant à l’alcool s’appuie sur la co-construction d’une histoire au sein d’un espace suffisamment étayant et sécure pour lui.