Thèse soutenue

Objet politique, objet de contestation : le nu féminin dans l'art japonais, de 1907 à nos jours

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Auteur / Autrice : Pierre Gautier
Direction : Annie Claustres
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 23/06/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....) - Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes
Jury : Président / Présidente : Thierry Dufrêne
Examinateurs / Examinatrices : François Lachaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Noriko Yoshida, Michael Lucken

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Inconnu au Japon avant la fin du XIXe siècle dans une conception occidentale du terme, le nu féminin en tant que sujet artistique doit être considéré comme un objet polysémique, fruit d’un véritable transfert culturel s’étant opéré depuis l’Europe dans le sillage de l’appropriation de la technique de la peinture à l’huile par les artistes japonais à partir de l’ère Meiji (1868-1912). Perçu par toute une génération de jeunes artistes masculins formée en occident comme synonyme de « progrès » (dans le sens de « modernité »), ce nouveau rapport au corps ne fut pas sans créer de très nombreuses polémiques entre les années 1890 et 1910, alors même que le nu fut institutionnalisé en étant accepté au Salon officiel dès sa création en 1907, mais sous une forme bien spécifique. Plus encore, cette diffusion rapide et massive d’une nouvelle esthétique du corps nu de la femme dans l’art ne saurait être étrangère à la place même de cette dernière dans la société japonaise. Le nu féminin fut également l’objet de très nombreuses censures jusque dans les années 1930, allant jusqu’à frôler l’incident diplomatique, tout en étant, en parallèle, utilisé à son tour sous une forme différente par une autre mouvance majeure d’artistes s’exprimant à travers une technique dite traditionnelle (Nihonga), courant conservateur – jusqu’à un certain point – endossant un lourd poids politique au moins jusqu’en 1945 sur fond de nationalisme et d’expansionnisme coloniale. Très loin d’avoir été délaissée par les artistes durant le foisonnement artistique de l’après-guerre, la nudité féminine dut se réinventer en adoptant des formes nouvelles, en arpentant des sentiers plus engagés au cœur d’enjeux sociétaux, tout en étant l’objet d’une véritable réappropriation de la part des artistes femmes jusqu’alors quasiment dépossédées de toute expression de leur corps nu, conséquence d’une société patriarcale très rigide vis-à-vis des rôles traditionnellement alloués aux genres. Par le biais de très nombreuses sources textuelles contemporaines aux œuvres ainsi que d’outils méthodologiques spécifiques allant d’une approche tantôt historiographique, statistique ou sociologique, tantôt basée sur les études féministes ou postcoloniales, cette thèse s’est attachée à comprendre et à analyser d’une part les différentes façons dont le nu féminin a pu être utilisé en fonction des artistes et de leur genre à travers un certain nombre de thématiques archétypiques (Ama, « femmes des îles », « nu en atelier », ou encore « baigneuses », « femme au bain » etc.), d’autre part la représentativité de ce sujet aux expositions ainsi que ses tenants et aboutissants tout au long du XXe siècle.