Thèse soutenue

Prendre la parole sans prendre le pouvoir : réflexivité, discours et interactions dans les assemblées générales anarchistes et/ou autonomes

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Auteur / Autrice : Manon Him-Aquilli
Direction : Patricia von MünchowCécile Canut
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage - linguistique
Date : Soutenance le 26/11/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Education Discours Apprentissages / EDA - EA 4071
Jury : Président / Présidente : Marie-Anne Paveau
Examinateurs / Examinatrices : Patricia von Münchow, Cécile Canut, Marie-Anne Paveau, Véronique Traverso, Michael Silverstein, Lilian Mathieu
Rapporteurs / Rapporteuses : Véronique Traverso, Michael Silverstein

Résumé

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Partant du constat d'une contradiction, propre à l'anarchisme et à l'autonomie politique, entre antiautoritarisme et émergence de rapports de pouvoir dans les moments où il s'agit de s'organiser politiquement, cette thèse décrit l'institutionnalisation et le réinvestissement en situation d'une association entre « formalisation » des assemblées générales (AG) militantes et « horizontalité » des rapports sociaux. En faisant dialoguer l'analyse du discours française et l'anthropologie linguistique américaine, elle cherche à saisir les enjeux sociaux et politiques de la réflexivité langagière, provocant tout à la fois des mouvements de naturalisation et de dénaturalisation de l'ordre de l'interaction de ces assemblées. Au cours d'une ethnographie de quatre ans, trois corpus ont été constitués : une sélection de textes, des notes d'observations directes et la transcription intégrale d'une AG singulière. Il ressort de l'analyse de ces corpus que le « registre interactionnel horizontal-formaliste », en se focalisant sur la domination sociale en tant qu'accès à la parole publique, non seulement transforme les rapports de pouvoir entre les participants des AG sans les abolir mais délaisse également d'autres lieux possibles d'observation de l'exercice du pouvoir par la parole. Cette force naturalisatrice est cependant contrebalancée du fait que les éléments construisant l'ordre interactionnel des AG sont investis de valeurs antagonistes, antagonisme produit et producteur de l'évaluation mutuelle permanente et historique à laquelle se livrent les unités contestataires composant les mouvements anarchistes/autonomes, notamment sur la question de l'organisation politique. C'est ainsi que sous l'effet cumulé d'une forte valorisation de la réflexivité politique et de l'hétérogénéité discursive qui imprègne toute mise en discours, ici à propos des AG, des effets de dénaturalisation de cet évènement de parole sont également rendus possibles.