Les politiques de dessalement : infrastructures hydriques et financement des projets environnementaux en californie
Auteur / Autrice : | Brian O'neill | |
Direction : | Franck Poupeau | |
Type : | Projet de thèse | |
Discipline(s) : | Sociologie | |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2016 | Soutenance le 06/10/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 3 | |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....) | |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche et de documentation sur les Amériques |
Mots clés
Résumé
Cette thèse examine les processus sociaux de l’évolution de l’industrie du dessalement en abordant des thèmes concernant la nature des politiques environnementales et l’élaboration des politiques dans une période de stress climatique extrême – l’Anthropocène. Le projet théorise la frontière océanique comme la dernière tendance dans l'abstraction de la valeur de l'environnement. La recherche historique décrit comment cela est arrivé. Premièrement, la guerre froide a fait de l’océan une zone frontière pour les marchandises pendant la « pax Americana ». Puis, lorsque les agendas technopolitiques ont stagné, un mode d’ingénierie financière appelé financement de projets a été déployé. Cette recherche étend davantage le cas du dessalement à la dynamique contemporaine en Californie. Les résultats montrent comment le secteur privé fait appel aux inquiétudes des fournisseurs d’eau public face à la crise de l’eau. Les coalitions communautaires contestent l’industrie, mais pas toujours comme le prédisent la littérature sociologique environnementale. Par exemple, alors que les médias et le secteur privé diabolisent les groupes communautaires en les qualifiant d’« écologistes en colère » qui ne veulent «pas de ça chez eux», la tendance écologiste conventionnelle est, en fait, le laissez-faire. De plus, la justice environnementale (JE) est apparue comme une question centrale. Traditionnellement, le cadre de la JE est un élément clé d’une mobilisation réussie contre la répartition inégale des problèmes environnementaux. Les résultats indiquent que les groupes d'opposition avancent des arguments normatifs de la JE sur les coûts élevés du dessalement, les perturbations communautaires et le fardeau industriel. À l’opposé, les syndicats de la construction et de l’industrie manufacturière ainsi que les acteurs du secteur public s’alignent avec les discours du secteur privé pour promouvoir le dessalement, en utilisant une série d’arguments concurrents sur les coûts élevés des alternatives, l’indépendance locale, la responsabilité régionale et l’emploi qui impliquent que l’eau dessalée est « juste ». Démêler ces discours clarifie la façon dont les revendications en faveur du dessalement éclairent un processus de cooptation, conçu dans le cadre du financement de projets qui facilite un parti pris de classe pour un produit de luxe. En résumé, le dessalement n’est qu’un exemple d’adaptation climatique nécessitant une problématisation sociologique. Cette recherche montre comment les projets d’infrastructures rétablissent l’hégémonie culturelle du Capital, en privilégiant certaines solutions d’approvisionnement. L’enquête menée illustre comment l’eau doit être disciplinée, tout comme les citoyens et les gouvernements qui paient des taxes, pour faciliter la production, la vente et la consommation des ressources. Et pourtant, l’État reste plus que jamais un lieu d’engagement ambigu, étant à la fois un domaine attaqué par les stratégies du secteur privé et un lieu d’émancipation possible des intérêts des entreprises grâce à des mécanismes d’action réglementaire.