Thèse soutenue

Impact de Listeria monocytogenes sur les microglies et l'homéostasie cérébrale

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Auteur / Autrice : Sylvain Levallois
Direction : Marc Lecuit
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunité et infection
Date : Soutenance le 05/07/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biologie des infections
Structure de recherche : Institut Pasteur. Département de Biologie cellulaire et infection (2006-….)
Jury : Président / Présidente : Sandrine Bourdoulous
Examinateurs / Examinatrices : Sonia Garel
Rapporteurs / Rapporteuses : Réjane Rua, Raphaël Gaudin

Résumé

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Les infections du système nerveux central (SNC) sont causées par une multitude de microbes et sont généralement graves. Elles sont souvent mortelles, ou induisent des séquelles neurologique à long terme. Cependant, les mécanismes impliqués dans l'entrée des pathogènes dans le SNC et dans la gravité de ces infections sont mal décrits. L'étude d'un micro-organisme modèle adapté est donc essentielle à la compréhension de ces infections. Listeria monocytogenes (Lm) est une bactérie d'origine alimentaire responsable d'une des plus graves infections du SNC : la neurolistériose. Son taux de mortalité est de 30 % même avec un traitement antibiotique adapté, et parmi les patients survivants à l'infection environ 50 % gardent des séquelles neurologiques à long terme. De plus, Lm est un pathogène modèle établi, qui a permis de nombreuses avancées dans la compréhension de la propagation des bactéries au cours d'une infection. Les mécanismes de traversée des barrières intestinales et placentaires par Lm étaient déjà connus, mais pas ceux conduisant à l'invasion du SNC. De même, les mécanismes responsables de la sévérité de la neurolistériose et des séquelles neurologiques de cette infection restent à décrire. Dans cette thèse, nous avons établi un modèle murin de neurolistériose pour montrer comment Lm traverse la barrière hémato-encéphalique. Lorsque des monocytes infectés adhèrent aux vaisseaux sanguins cérébraux, Lm se propage de cellule en cellule, du monocyte à la cellule endothéliale, puis au parenchyme cérébral. Nous avons ensuite cherché à comprendre le tropisme de Lm pour le SNC, et nous avons montré que chez les souris atteintes d'une infection systémique, les bactéries sont en fait capables d'envahir n'importe quel organe, et que le taux d'entrée de Lm dans le cerveau n'est pas plus élevé que dans d'autres organes. Cependant, Lm prolifère plus vite dans le cerveau que dans d'autres tissus, car la réponse immunitaire innée dans le cerveau est moins intense que dans d'autres organes. De plus, nous avons observé que les microglies, les macrophages résidents du cerveau, meurent lors de l'infection, tandis que des monocytes circulants pénètrent dans le SNC. Pour déterminer si les monocytes recrutés jouent un rôle dans le repeuplement des microglies et dans les déficits neurologiques post-infection, nous avons analysé le cerveau de souris traitées par antibiotiques ayant survécu à l'infection. Alors que les microglies ne sont normalement pas repeuplées par des monocytes, nous montrons à l'aide d'un modèle murin de suivi de destin cellulaire, que les monocytes recrutés s'implantent transitoirement dans le cerveau et se différencient en macrophages. Cependant, ils conservent une identité distincte des microglies endogènes, modifiant l'état immunitaire au sein du cerveau. En parallèle, des lymphocytes cytotoxiques T-CD8+ pénètrent dans le parenchyme cérébral, se trouvent à proximité des macrophages cérébraux et sécrètent la cytokine pro-inflammatoire IFN-gamma. Simultanément, les microglies endogènes adoptent une signature transcriptionnelle associée à plusieurs maladies neurodégénératives. Les microglies étant impliquées dans le maintien de l'homéostasie neuronale, nous avons évalué l'impact de son altération sur les fonctions neuronales. Nous avons obtenu des preuves préliminaires suggérant que l'infection induit des changements comportementaux même après sa résolution. De plus, les souris précédemment infectées semblent être plus sensibles dans un modèle d'encéphalite auto-immune, en cohérence avec l'altération de leur système immunitaire cérébral. Nous avons montré que les spécificités du système immunitaire cérébral, qui est isolé du reste de l'organisme, expliquent la gravité de l'infection cérébrale par Lm et sa prévalence au cours de la listériose. Nous montrons également que l'infection perturbe de manière significative ce système immunitaire cérébral, ce qui peut expliquer les séquelles neurologiques ultérieures.