Thèse soutenue

La détermination de la loi successorale applicable au regard des systèmes juridiques non unifiés. Aspects de droit français et de droit espagnol.

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Auteur / Autrice : Saioa Goyeneche
Direction : Jean-Jacques LemoulandLaurent AbadieJuan José Alvarez Rubio
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit privé
Date : Soutenance le 02/03/2022
Etablissement(s) : Pau en cotutelle avec Universidad del País Vasco
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques)

Résumé

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Les hypothèses dans lesquelles les successions comportent un ou plusieurs éléments d'extranéité sont fréquentes (succession d'une personne décédée dans un autre pays que celui de sa nationalité ou de sa résidence habituelle, ou en laissant des biens, mobiliers ou immobiliers, dans un autre pays que celui de sa nationalité ou de sa résidence habituelle). Or, le caractère international d'une succession oblige à se poser la question de la détermination de la loi successorale applicable au regard de règles de conflit de lois aujourd'hui profondément remaniées suite à l'entrée en vigueur du règlement (UE) du 4 juillet 2012, applicable aux successions internationales ouvertes à compter du 17 août 2015. Ce texte prévoit notamment pour les citoyens la faculté de désigner dans une certaine mesure la loi qui régira le règlement de leur succession.Or, la question de la détermination de la loi successorale applicable prend un éclairage toute particulier en présence d'un système juridique non unifié en matière successorale. Dans certains Etats, en effet, les règles successorales diffèrent d'une unité territoriale à l'autre. Le pluralisme législatif de ce type de système produit alors des conflits de lois "interétatiques" entre les différents droits successoraux qui coexistent au sein du même Etat. L' Espagne constitue l'exemple le plus topique de ce pluralisme législatif, dans la mesure où les règles de droit successoral du Code civil cèdent le pas dans plusieurs Communautés autonomes à des droits régionaux. Cette singularité complexifie ainsi la réponse à apporter à la question de la détermination du droit successoral. Cette difficulté se pose donc tout particulièrement dans l'hypothèse d'une succession internationale soumise au droit espagnol. Les notaires français se trouvent en effet confrontés, dans cette hypothèse, au traitement de conflits de lois internes.La question de la détermination du droit successoral applicable au regard des systèmes juridiques non unifiés fait l'objet d'un traitement distinct dans les textes normatifs de l'Union européenne. La méthode prévue par le Règlement sur les successions internationales impose la consultation des règles spécialement prévues pour la résolution de ces conflits internes par l'Etat plurilégislatif dont la loi a été désignée. Cette méthode ajoute néanmoins un degré de complexité supplémentaire et empêche toute prévisibilité. Seule la méthode de désignation directe consistant à appliquer le droit substantiel où se concrétise le rattachement employé par la règle de conflit supranationale semble garantir une véritable sécurité juridique et favorise la planification patrimoniale internationale. Il nous semble donc que lorsqu'une succession internationale intéresse un Etat plurilégislatif, les règles de conflit visant à résoudre les conflits internationaux de lois doivent gagner en autonomie par rapport aux solutions prévues pour résoudre les conflits internes de lois.Cependant bien que la nature des conflits internationaux et des conflits internes de lois soit proche, dans une situation purement interne, la transposition des solutions supranationales pour régler les conflits internes de lois soulève un certain nombre de difficultés pratiques et théoriques. Les règles de conflit de lois de source étatique ne devraient perdre en autonomie dans le cadre des conflits internes de lois. En revanche, sans se référer aux règles prévues pour la résolution des conflits internationaux de lois, il nous semble que les solutions posées par les règles de conflit ayant vocation à résoudre les conflits internes devraient s'adapter aux solutions supranationales, en raison notamment de la contractualisation de la matière constatée dans l'ordre international. L'introduction d'un critère autonomiste dans le cadre des conflits internes conduirait ainsi à un certain assouplissement de la matière.