Objets et techniques. Aux origines de la métallurgie du fer en Méditerranée occidentale (Xe-VIIe siècle av. n. è.) : circulations, échanges et emprunts

Objects and manufacturing processes. Origins of iron metallurgy in western Mediterannean (10th-7th century BC) : traffics, exchanges and borrowings

• Auteur / Autrice : Anne-Laure Grevey
• Direction : Éric Gailledrat, Maria Carme Belarte
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : ARCHÉOLOGIE spécialité Préhistoire, Protohistoire Paléoenvironnement Méditerranée-Afrique
• Date : Soutenance le 03/12/2020
• Etablissement(s) : Montpellier 3
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archéologie des sociétés méditerranéennes (Montpellier)
• Jury : Président / Présidente : Vincent Serneels
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Consuelo Mata Parreño, Ignacio Montero, Marion Berranger
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Verger

Mots clés

Mots clés contrôlés

Métallurgie

Protohistoire

Méditerranée (région ; ouest)

Âge du fer

Mots clés libres

Alliage ferreux

Fer

Méditerranée

Métallurgie

Protohistoire

Analyses microstructurales

Iron alloy

Iron

Mediterranean

Metalworking

Protohistory

Materials characterisation

Résumé

Les premiers objets en alliage ferreux de Méditerranée occidentale (sud de la France, Corse, péninsule Ibérique, Sardaigne), jusqu’au VIIe s. av. n. è., sont le fruit du travail et d’échanges effectués par divers acteurs. Ces-derniers ont été identifiés depuis quelques décennies, puisqu’un rôle dans l’apparition des objets et des techniques a successivement été donné aux populations d’Europe continentale, aux Phéniciens, aux Grecs et aux Étrusques. Toutefois leur contribution n’est pas toujours bien estimée et les modalités d’adoption sont encore nébuleuses.Nous proposons dans ce travail une synthèse de la documentation existante ainsi que des comparaisons typologiques (provenance stylistique), des analyses isotopiques du plomb (provenance des minerais de cuivre des objets bimétalliques) et des caractérisations microstructurales (microscopies optique et électronique à balayage, diffraction des rayons X, micro-Raman) permettant de remonter aux techniques de fabrication.Les résultats ont permis de discuter des conditions et des raisons ayant menées à l’assimilation de ces premiers objets en alliage ferreux et des techniques sidérurgiques. Différentes zones doivent être distinguées et correspondent à des aires cohérentes au niveau des dynamiques d’introduction : la Sardaigne, la Corse, l’aire Provence/Languedoc oriental, la zone catalano-languedocienne, le sud de la péninsule Ibérique et le reste de la péninsule.Les comparaisons typologiques ont permis de repérer l’importance précoce du vecteur orientale dans l’apport d’objets. Cet apport est visible aussi bien sur les couteaux (caractéristiques de Chypre et du Proche-Orient : utilisation du rivetage et disposition parallèle des rivets, sans encoche) que les broches à rôtir (caractéristiques de Grèce : à palette), le pic (Proche-Orient) et les pointes de flèches (Proche-Orient). Néanmoins, les apports de la sphère gréco-étrusque ne sont pas anecdotiques : un grand nombre d’objets du VIIe s. av. n. è. des zones catalano-languedocienne et Provence/Languedoc oriental sont clairement inspirés (fibules serpentiformes), voire importés (instruments de toilette ; broches à rôtir à tête enroulée) de la péninsule Italique. Le vecteur d’Europe continentale est plus difficilement perceptible, car il n’est clairement visible que par l’apport de quelques épées dites hallstattiennes. En parallèle, des productions locales apparaissent très rapidement après l’assimilation des premiers objets en alliage ferreux (principalement des couteaux et des objets du domaine personnel). Par ailleurs, les analyses microstructurales ont montré que les répartitions de carbone dans les objets sont hétérogènes et peu adaptées à un usage fonctionnel puisque des équivalents en alliage cuivreux seraient plus efficaces.Globalement, le rôle des populations orientales dans l’introduction des premiers objets en alliage ferreux est primordial, que les techniques de fabrication soient introduites intentionnellement par leur biais (sud de la péninsule Ibérique et Sardaigne) ou non (reste de la péninsule Ibérique et Languedoc). L’intérêt pour la sidérurgie en Occident est impulsé par les élites, qui cherchent à montrer leur pouvoir par l’intermédiaire d’objets ostentatoires déposés dans les tombes. Toutefois une démocratisation se produit rapidement sur les territoires où les objets échangés remplacent ceux déjà utilisés (par exemple sur les territoires où les couteaux en alliage cuivreux sont remplacés par leurs pendants en alliage ferreux).

The first iron alloy artefacts discovered in the Western Mediterranean (Southern France, Corsica, Iberian Peninsula, Sardinia), which date up to the 7th century BCE, were made and exchanged by various actors who were identified some decades ago, namely the populations of Central Europe, Phoenicia, Greece and Etruria. However, their contribution and the way in which the objects and manufacturing processes were adopted are still unclear.This thesis proposes a synthesis of the existing documentation as well as typological analyses, lead isotope analyses (geologic provenance of copper ore in bimetallic objects) and microstructural characterisations (optical microscopy, field emission scanning electron microscopy, X-ray diffraction, micro-Raman) to provide information on the manufacturing processes.The conditions and reasons for the adoption of these first iron alloy objects and iron metallurgy are also discussed. It is possible to distinguish a number of zones that correspond to areas consistent with the dynamics of the appearance of the first iron alloys artefacts: Sardinia, Corsica, the Provence/eastern Languedoc area, the Catalonia/western Languedoc area, the southern Iberian Peninsula and the rest of the Iberian Peninsula.The typological comparisons underline the major importance of the Eastern vector. This is evidenced by the knives (characteristics associated with Cyprus and the Near East: use of riveting, parallel placement of rivet, no notch), some roasting spits (Greece), the picks (Near East) and the arrowheads (Near East). The Greek/Etruscan contribution is also significant, because many objects dated to the 7th century BCE from the Provence/eastern Languedoc and Catalonia/western Languedoc areas were clearly either inspired by (e.g. fibulas) or imported from (e.g. ablutions tools) the Italian Peninsula. The Continental Europe vector is harder to detect because Hallstattian swords are the only contribution. Local versions of these objects (mainly the knives and personal objects) also appeared at the same time as they were being introduced. Microstructural analyses have shown that the carbon distribution was heterogeneous and not much suitable for functional use. Their copper alloy equivalents would be more efficient.Overall, the role of the Eastern populations in the appearance of the first iron alloy objects was fundamental, whether the manufacturing processes were introduced intentionally (as in the southern Iberian Peninsula and Sardinia) or not (as, most probably, in the rest of the Iberian Peninsula and the Catalonia/western Languedoc area). Interest in iron metallurgy in the Western Mediterranean was driven by the elites, who sought to show their power through funeral ornaments and ostentatious objects. However, there was a democratisation in these territories, and the exchanged objects replaced those previously used, for example copper alloy knives were substituted for iron alloy knives.