Thèse soutenue

L'alpinisme à l'épreuve du changement climatique : Évolution géomorphologique des itinéraires, impacts sur la pratique estivale et outils d'aide à la décision dans le massif du Mont Blanc

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Auteur / Autrice : Jacques Mourey
Direction : Christophe GauchonLudovic RavanelClémence Perrin-Malterre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 04/10/2019
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences et ingénierie des systèmes, de l'environnement et des organisations (Chambéry ; 2007-2021)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Environnements, dynamiques et territoires de la montagne (Le Bourget du Lac, Savoie)
Jury : Président / Présidente : Denis Mercier
Examinateurs / Examinatrices : Bastien Soulé
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Reynard, Isabelle Sacareau

Résumé

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Dans le contexte actuel de changement climatique, ce travail de thèse traite de l’évolution des conditions de pratique de l’alpinisme, par une approche pluridisciplinaire structurée autour de trois axes de recherches principaux. Tout d’abord, nous avons étudié l’évolution des itinéraires de haute montagne et de leurs conditions de fréquentation. Nos résultats montrent que les itinéraires d’accès aux refuges de haute montagne sont principalement affectés par la fonte des glaciers et tendent à devenir plus dangereux et techniquement plus difficiles, bien que des travaux d’adaptation soient réalisés. Le constat est similaire pour les voies d’alpinisme proprement dites. La comparaison de 95 voies entre les années 1970 et leur état actuel a montré que 26 itinéraires ont été fortement modifiés et sont rarement fréquentables en été. Face à une augmentation de leur technicité et de leur dangerosité, en lien avec une augmentation du nombre de phénomènes qui les affectent, les périodes de bonnes conditions pour la pratique de l’alpinisme ont tendance à être plus aléatoires en été et se décalent au printemps et à l’automne.Ce premier constat nous a conduit à questionner, dans un deuxième temps, la manière dont les guides de haute montagne sont affectés par ces évolutions, et comment ils s’y adaptent. Des entretiens semi-directifs et un questionnaire, envoyés aux guides du SNGM, montrent que 97 % sont contraints d’adapter leur pratique du métier. Cette adaptation est considérée comme difficile à mettre en place par la moitié des répondants dont l’activité est principalement centrée sur l’alpinisme. Cinq stratégies principales sont développées par les guides et les amènent à diversifier leur offre vers des activités qui ne se pratiquent pas en haute montagne. Ce constat pose alors des questions d’identité et de redéfinition du métier de guide de haute montagne.Enfin, dans un troisième temps, nous nous sommes attachés à mieux évaluer la vulnérabilité des alpinistes et à acquérir et diffuser des connaissances pour favoriser des comportements adaptatifs. Plusieurs rapports et fiches thématiques à l’attention de la communauté montagnarde ont été réalisés à partir des résultats de nos deux premiers axes de recherche et, nous avons aussi mené une étude spécifiquement sur la voie normale d’ascension du mont Blanc (4809 m), particulièrement affectée par le changement climatique. L’étude d’accidentologie a été mise à jours et un système de suivi pluridisciplinaire a été mis en place. Ce dernier permet de mieux comprendre l’origine géomorphologique des chutes de pierres et de mieux évaluer la vulnérabilité des alpinistes à travers des mesures de la fréquentation. Les premiers résultats ont permis l’identification de comportements non adaptés au risque local. Des stratégies d’adaptation et de prévention peuvent alors être proposées