Six Pièces sur l'Identité Linguistique
Auteur / Autrice : | Luca Gasparri |
Direction : | François Recanati |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie et sciences sociales |
Date : | Soutenance le 15/09/2017 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Paul Égré, Claire Beyssade, Mikhail Kissine, Salvador Mascarenhas |
Mots clés
Résumé
Le thème général de cette thèse est l’identité linguistique: la relation qui fait que différents éléments linguistiques comptent comme "un même élément" ou comme “identiques” même s'ils sont hétérogènes d'un point de vue interne ou présentent des propriétés de surface différentes. Je traite de six questions sur ce thème.Le chapitre 1 concerne les segments phonétiques. La phonétique traditionnelle modélise la parole continue comme une concaténation de segments discrets de durées temporelles non spécifiées. Cependant, au cours des dernières années, les idéalisations segmentales de la parole ont été remises en question par des approches éliminativistes à l’égard des segments phonétiques. Le chapitre tente de justifier la phonétique segmentale face aux arguments éliminativistes.Le chapitre 2 concerne les objets phonologiques. Les énoncés phonologiques quantifient sur les phonèmes, qui sont des entités controversées. Aucune ontologie standard n'accepte de les faire figurer parmi l’“ameublement du monde”. Par conséquent, se pose la question suivante: comment les énoncés de règles phonologiques parviennent-ils à recevoir les valeurs de vérité attendues ? Le chapitre propose d'aborder la question en appliquant le non-factualisme de Stephen Yablo aux objets phonologiques.Le chapitre 3 traite du problème type-token. Il existe plusieurs théories concurrentes de la relation spécifique désignée par le prédicat “est un token de”, tel qu’on l'emploie dans le domaine linguistique. La théorie dominante est que les tokens instancient les types, mais cette thèse fait face à plusieurs difficultés conceptuelles. S'appuyant sur des travaux antérieurs de Zoltan Szabó, le chapitre propose une nouvelle approche du problème type-token, basée sur l'idée que les sons et les inscriptions du langage représentent des formes phonologiques et orthographiques.Le chapitre 4 traite du comptage de mots. Selon certains, l'identité des mot-types dépend de leur similarité en matière d'attributs structurel-fonctionnels. Selon d'autres, l'identité des mot-types dépend de leur lignée historique-causale. Les deux cadres donnent lieu à des manière différentes de compter les mots. Lequel d'entre eux est métaphysiquement adéquat ? Le chapitre propose une théorie quiétiste du comptage de mots, en soutenant qu'il n'y a pas de réponse factuelle et non-théorique à la question de “combien de mot-types existent” dans un monde ou scénario linguistique.Le chapitre 5 porte sur un problème dans la théorie de l'anaphore. On pense habituellement que l'anaphore implique la coréférence. Ce principe général, cependant, semble être contredit par des phrases où un pronom non lié hors-citation dépend d'un antécédent dans une citation. Le chapitre soutient que les phrases présentant les caractéristiques décrites ci-dessus n'invalident pas le principe général, et articule une analyse des cas problématiques axée sur la notion de "saillance".Le chapitre 6 porte sur la coréférence de jure. La coréférence de jure est un type particulier de relation de coréférence qui a attiré beaucoup d'attention dans la littérature récente. Cependant, son autonomie par rapport à d'autres variétés de coréférence (notamment la coréférence accidentelle) et ses propriétés distinctives font l'objet de controverses. Le chapitre fournit une présentation systématique des motivations sous-jacentes à l'introduction de la notion de coréférence de jure et défend une approche conservatrice de sa relation avec la grammaire de la phrase: la distinction entre coréférence accidentelle et coréférence de jure est réelle mais invisible du point de vue de la structure linguistique.