La farce verbale quechua. Une ethnographe en pays burlesque et érotique
Auteur / Autrice : | Camille Riverti |
Direction : | Emmanuel Désveaux, César Itier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance le 22/02/2019 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Valérie Robin Azevedo |
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Robin Azevedo, Capucine Boidin-Caravias, Valentina Vapnarsky, Michel de Fornel | |
Rapporteur / Rapporteuse : Capucine Boidin-Caravias, Valentina Vapnarsky |
Mots clés
Résumé
La thèse s’attache à esquisser les contours de la farce verbale quechua, telle qu’elle est pratiquée dans les Andes centrales du Pérou, par les membres de la communauté de San Juan de Dios. De prime abord, l’objet semble extrêmement classique. Dialogue rituel explorant l’alliance burlesque, il correspond au concept anthropologique de « parenté à plaisanterie ». Mais la façon dont nous l’abordons est inédite. Cible de l’humour verbal érotique, nous avons activement participé aux farces. Forts de cette position interactionnelle, nous avons mis en place les outils de l’anthropologie linguistique en enregistrant in situ, en transcrivant et en interprétant les textes avec nos collaborateurs. La thèse propose ainsi une lecture nouvelle de la « parenté à plaisanterie » à partir d’une position interne au phénomène prêtant une oreille attentive à ce qui est dit et à la façon dont c’est dit. Dans cette perspective, la farce quechua offre un matériau fécond à l’étude des rapports entre les sexes et ce, tant à l’échelle de la participation, des métadiscours que de l’interaction. De part leur cadre participationnel, les performances rendent compte d’un régime d’affinité par défaut dans lequel est compris l’étranger (en l’occurrence, l’ethnographe). C’est pourquoi les farces se trouvent au cœur d’une polémique métalinguistique brûlante interrogeant le rapport entre la parole érotique et l’action sexuelle. Soupçonnées d’être sexuellement performatives, les farces constituent - c’est notre thèse - des parodies de routines verbales d’alliance. Transformant en même temps que reproduisant, elles sont à même de montrer la façon différenciée dont les hommes et les femmes travaillent le rapport à l’autre sexe sur le plan humoristique. En somme, la farce, théâtre hétérotopique de la différence sexuelle, ouvre un espace réflexif au sein duquel la société joue, par le biais de personnages et du miroir de l’étranger, à s’imiter, à se détourner, à se regarder et à réfléchir sur elle-même.