Représentation des femmes à travers les princesses Disney et leur évolution : entre stéréotypes et enjeux psychiques d’un devenir adulte
Auteur / Autrice : | Julie Bonhommet |
Direction : | Robert Courtois, Mónica Zapata |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 21/09/2020 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Qualité de vie et Santé psychologique (Tours) |
Jury : | Président / Présidente : Pascal Mallet |
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Chouvier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Morin-Messabel |
Mots clés
Résumé
Objectifs : Ce travail explore la représentation des femmes véhiculée par les princesses Disney et son évolution depuis 1937. Il s’intéresse à la place des femmes et aux stéréotypes de genre.Méthode: Trois études ont été réalisées. La première (i) s’est intéressée aux caractéristiques des princes et princesses et aux étapes clés du récit dans un conte à partir d’un travail de recherche auprès d’un public tout venant. Il s’agissait pour les participants (a) à la fois de « construire » un récit en faisant des choix parmi différentes possibilités prédéfinies et (b) d’être en accord ou non avec les caractéristiques psychologiques et physiques des protagonistes principaux : la princesse et le prince (matériel inspiré partiellement de England et al. (2011)). La seconde (ii) qui est l’étude principale, s’est centrée sur l’analyse des représentations des femmes et leur évolution à travers le corpus de la franchise « Princesses Disney » qui compte 11 films d’animation : Blanche-Neige, Cendrillon, Aurore, Ariel, Belle, Jasmine, Mulan, Pocahontas, Tiana, Raiponce et Mérida. Il s’agissait de visionner et de coder les films d’animation pour analyser les discours, comportements, communications, émotions, aspects physiques et personnalités des princesses, ainsi que leur temps de présence et de parole. Des grilles ont été établies afin d’analyser les étapes du film, le statut d’héroïne et adulte ainsi que la relation aux personnages masculins. Trois catégories ont été établies : les princesses « traditionnelles », « modernes » et « post-modernes ». La troisième étude (iii) a analysé l’impact de ces princesses auprès d’un public féminin. Elle consistait en entretiens semi-directifs de petites filles, jeunes filles et femmes quant à leurs représentations liées aux princesses et le sens qu’elles y donnaient dans leur vie.Résultats : Étude 1. Il existe un effet de genre significatif dans les choix des étapes du conte et des caractéristiques des protagonistes : princesses et princes. Étude 2. Les résultats montrent qu’il existe une princesse-type (beauté caucasienne, réflexion, communication, peu d’action), que les films mettent en scène une initiation des adolescentes qui est orientée vers l’accès à la conjugalité. Les figures parentales, le prince et les alliés animaux masculins sont très présents. Il existe une différence significative entre les trois catégories de princesse pour les caractéristiques analysées et leur évolution : tendance à une disparition des comportements exclusivement passifs, affectifs, émotionnels et tournés vers le physique et inversement, apparition des comportements actifs et de revendication d’indépendance. Étude 3. L’enquête semi-directive met en avant une identification genrée prononcée. La réception des films d’animation des princesses Disney et le processus d’identification suivent une logique développementale (accès au sens et à l’analyse selon l’âge). Discussion : Ces trois études mettent en évidence des rôles de genre et des stéréotypes, même si la question de la féminité et de la masculinité sont évoquées parfois de manière plus nuancée. La représentation de la princesse-type reste stéréotypée et conforme au rôle traditionnel des femmes dans la société malgré une évolution évidente chez les princesses post-modernes. Elles suivent un schéma initiatique spécifique à leur statut de femmes en devenir essentiellement en lien avec des enjeux parentaux et conjugaux (quitter les parents, devenir des épouses). Les entretiens semi-directifs soulignent un double mouvement : les princesses comme idéal féminin et conjugal à atteindre, et l’indépendance féminine (où le prince et les hommes ne sont pas indispensables) qui est une revendication plus présente en fonction de l’âge des répondantes. En conclusion, les princesses Disney témoignent de l’évolution et des résistances de notre société en matière de représentation des femmes et de stéréotypes de genre.