Thèse soutenue

« Tenir frontière contre les Anglois ». La frontière des ennemis dans le royaume de France (v. 1400 - v. 1450)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : David Fiasson
Direction : Bertrand SchnerbValérie Toureille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 10/12/2019
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherches historiques du Septentrion (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Elodie Lecuppre-Desjardin
Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Schnerb, Valérie Toureille, Elodie Lecuppre-Desjardin, Eric Bousmar, Anne Curry
Rapporteurs / Rapporteuses : Eric Bousmar, Anne Curry

Mots clés

FR  |  
EN

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

La présente thèse porte d’abord sur des territoires disputés entre Français, Anglais et Bourguignons, les « pays de frontière ». Notre large éventail de sources nous permet de les définir juridiquement et fiscalement, par opposition aux « pays de paix », comme l’ensemble des paroisses payant des impôts à deux camps à la fois, ou encore situées à moins de 50 km d’une forteresse ennemie, et par là concernées par le cas « d’éminent péril ». Afin de parer aux dangers, loin d’être impuissantes, les sociétés des frontières manifestèrent leur capacité d’action. Pour résister aux sièges, les villes se fortifiaient ; pour échapper à une « surprise », elles faisaient bonne garde et établissaient un éclairage public tout autour des remparts. Pour se prémunir des fourrageurs, les villageois s’abritaient dans leurs églises ou dans les bois.La frontière était tout à la fois un territoire et une ligne entre les deux obédiences qu’elle mettait en contact. Ce n’était pas seulement une ligne imaginaire séparant les obéissants des désobéissants, identifiés par leurs passeports, leurs insignes, leurs cris et leurs injures. Notre travail a mis au jour une liste des paroisses du Maine et de l’Anjou obéissant respectivement aux Anglais ou aux Français, ce qui permet de les cartographier avec précision. La frontière s’y dessine comme une véritable ligne de démarcation, appuyée sur des cours d’eau et séparant des villages voisins, loin du cliché d’un Moyen Âge ignorant la maîtrise de l’espace.La frontière était enfin un concept abondamment employé par la monarchie pour justifier le prélèvement d’impôts devenus permanents et théoriquement destinés à la « garde et tuition de la frontière des ennemis ». Les communautés urbaines et les justiciables de toutes sortes apprirent vite à le réutiliser habilement dans leur correspondance avec le roi. Cette appropriation n’était pas une pure instrumentalisation : le concept figure dans les délibérations municipales internes aux communautés urbaines, et Jean Juvénal des Ursins pouvait opposer dans ses écrits les « povres compagnons des frontières » tels que lui aux autres régnicoles, qui ne connaissaient qu’indirectement les effets de la guerre.Écrire l’histoire de la frontière des ennemis, c’est ainsi découvrir la capacité des sociétés à se soustraire au régime d’incertitude qu’imposait la guerre, mais aussi la façon dont les Français du XVe siècle concevaient leur espace et leurs rapports avec les princes alors en guerre.