Thèse soutenue

Le gouvernement des sens. Militantisme jeune communiste, médias et musiques populaires en France (1955-1981)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Jedediah Sklower
Direction : Éric Maigret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 11/12/2020
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de Recherche Médias, Cultures, Communication et Numérique (Paris)
Jury : Président / Présidente : Emmanuelle Loyer
Examinateurs / Examinatrices : Éric Maigret, Emmanuelle Loyer, Claire Blandin, Tristan Mattelart, Arnaud Mercier, Danielle Tartakowsky

Résumé

FR  |  
EN

Après la phase jdanovienne de la décennie d’après-guerre et dans le cadre du processus d’aggiornamento du mouvement communiste, la Jeunesse communiste adapte progressivement sa propagande et sa politique de la culture aux nouvelles pratiques et mythologies de la jeunesse française. Pour séduire des générations de plus en plus scolarisées et qui affirment une certaine indépendance en matière de loisirs, elle intègre leurs codes et imite certaines recettes des industries médiatiques et culturelles alors en pleine expansion. La mise en œuvre de ce nouveau dispositif culturel (discours, médias, sociabilités, loisirs, programmation des fêtes, crochet musical) et sa « popularisation » reposent sur une nouvelle forme de gouvernementalité militante en phase avec la culture jeune. Cependant, la base militante manifeste des aspirations politiques contraires à une ligne perçue comme apolitique et trop compromise avec la culture capitaliste (1955-1966). Face à l’échec de cette première stratégie et dans le contexte des « années 68 », une JC plus politisée et relativement plus autonome adopte un rapport plus critique à la culture de masse, mais ouvert à la reconnaissance des musiques porteuses de révolte, dont le rock (1966-1977). Sans renier les fondements de sa politique de la culture, le mouvement communiste semble en cela se rallier au principe concurrent de « démocratie culturelle ». Toutefois, le repli du PCF à la fin des années 1970 ébranle cet équilibre (1977-1981). Le concept de gouvernement des sens a pour fonction de penser les interactions entre gouvernementalité militante et gouvernementalité culturelle : il permet d’appréhender non seulement l’instrumentalisation politique de la culture de masse, mais aussi les rétroactions de celle-ci sur le militantisme, la propagande et par conséquent l’ensemble d’une organisation partisane.