Thèse soutenue

De la notation à la fiction dans l'écriture de la mémoire d'une expérience concentrationnaire : récit inédit d'un ancien prisonnier français du Vietminh, L'Elimination de R. Panh, Etre sans destin d'I. Kertesz

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Auteur / Autrice : Odile Dujon
Direction : Philippe Daros
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance le 15/01/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Centre d'études et de recherches comparatistes (Paris)
Jury : Président / Présidente : Christine Baron
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Daros, Christine Baron, Mounira Chatti, Catherine Coquio
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Baron, Mounira Chatti

Résumé

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Hériter d’un récit inédit d’expérience concentrationnaire revient à accepter le devoir moral de l’interpréter. Le comparer avec deux œuvres littérairement consacrées portant sur le même thème permet alors de réfléchir sur l’inéluctable transformation que subit un vécu traumatisant lorsque l’on tente de le verbaliser. Il s’agit en effet de dire et de transmettre une aporie. C’est pourquoi le recours réussi à la métaphore apparaît comme le moyen le plus efficace de doter ce morceau de vie par nature indicible d’une rhétorique convaincante. Par conséquent, il faut transposer le vécu pour parvenir à le dire, mais aussi donner à voir un passé qui ne remonte à la conscience qu’en images, tout en affirmant ses références à un réel inscrit dans l’Histoire. Pour faire aboutir une telle entreprise, il s’agit donc d’élaborer une fiction à partir d’une réalité vécue, de la doter d’un mode d’écriture au pouvoir visualisant, et enfin d’y introduire une dialectique interne susceptible de déclencher chez le lecteur une réflexion éthique. En effet, la vérité du témoignage reste tributaire d’une identité qui ne se construit qu’à l’occasion de la mise en récit. De plus, le texte est confectionné au présent et à partir de simples traces mémorielles. Enfin même si l’historiographie en valide les références, il en demeure une part obscure qui échappera toujours au langage articulé. Ce questionnement sur ce qui peut donner au témoignage concentrationnaire sa force d’impact conduit ainsi à suggérer que, le camp ayant été vécu comme expérience de la défiguration, seule son inscription dans une poétique de l’incarnation susceptible de rendre à la lettre morte sa puissance explosive aidera le rescapé à reconquérir un visage.