Thèse soutenue

Paris au-delà de Paris : urbanisation et révolution dans l’outre-octroi populaire, 1789-1860

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Auteur / Autrice : Alexandre Frondizi
Direction : Jean-François ChanetFlorence Bourillon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 17/11/2018
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire de Sciences Po (Paris)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Backouche
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Chanet, Florence Bourillon, Louis Hincker, John M. Merriman
Rapporteurs / Rapporteuses : Sabine Barles, Louis Hincker

Résumé

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Cette recherche entend revisiter l’histoire du Paris populaire du XIXe siècle par une appréhension locale et grand-parisienne des rapports entre urbanisation et révolution. L’exploration du cas de la fabrique socio-politique du quartier chapello-montmartrois de la butte des Moulins montre comment, en s’appuyant parfois illégalement sur des réformes fiscales, territoriales, foncières et financières de la fin du siècle précédent, des Parisiens de naissance et d’adoption construisent à partir des années 1820 la capitale des révolutions également hors de ses limites administratives. Tout en érigeant cet espace social en quartier d’une République insurgeante grand-parisienne, l’année 1848 révèle que, au lieu d’exprimer la longue crise d’une ville atone face à son impressionnante croissance démographique, les journées de Juin manifestent le succès d’une révolution urbaine silencieuse. Le succès d’une urbanisation qui, par la voie inédite des lotissements populaires par lesquels, avec la complicité puis le soutien des autorités locales, des promoteurs projettent efficacement leur ville au-delà d’elle-même, permet à une multitude de familles et d’individus d’origine majoritairement ouvrière de se loger à moindre coût dans des immeubles que des lotis au profil social similaire élèvent sur les terrains notamment acquis grâce au dynamique marché du crédit immobilier interpersonnel. En barricadant leur quartier et en descendant dans la vieille ville pour défendre avec leurs frères de l’intra-muros l’idéal de démocratie sociale de proximité qu’ils investissent dans les institutions républicaines localistes, ces Parisiens de l’outre-octroi transforment dès 1848 la butte des Moulins en l’un des Aventins de leur agglomération. L’analyse multiscalaire des pratiques et des itinéraires socio-spatiaux des bâtisseurs du quartier dévoile en définitive la précocité de la formation d’un Grand Paris populaire dont les voisins de certaines de ses marges urbaines n’attendent point les effets ségrégatifs de l’haussmannisation pour revendiquer leur appartenance à la capitale des révolutions.