Thèse en cours

Physico-chimie de matériaux d'artistes de la seconde moitié du 20e siècle. Étude de produits d'artistes provenant de l'atelier du peintre Simon Hantaï.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Lauren Dalecky
Direction : Loïc Bertrand
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Chimie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2020
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale INTERFACES : approches interdisciplinaires, fondements, applications et innovation
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : PPSM - Photophysique et Photochimie Supramoléculaires et Macromoléculaires
référent : Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Sciences de l'ingénierie et des systèmes (2020-....)

Résumé

FR  |  
EN

Les matériaux de la peinture ont connu une évolution importante depuis le milieu du XIXe siècle avec le développement de nouveaux procédés de synthèse. Ces évolutions se sont poursuivies tout au long du XXe siècle. Dans le cadre de ce projet doctoral, nous nous sommes intéressés à des produits d'artistes d'après-guerre, accessibles sur le marché parisien, à des artistes comme Jean-Paul Riopelle, Joan Mitchell, Pierre Soulages, Nicolas de Staël et Simon Hantaï. Simon Hantaï (1922--2008) est réputé pour ses peintures abstraites, qui l'ont placé parmi les artistes les plus influents de la période. Sa pratique artistique a été documentée par des écrivains, des philosophes, des artistes, des conservateurs de musées, des historiens de l'art et des restaurateurs du patrimoine. Nous avons recherché dans ces témoignages des indices sur les matériaux picturaux présents dans ses ateliers franciliens. Ces résultats nous ont permis de mieux appréhender la complexité des pratiques au sein d'un atelier d'artiste. Nous avons caractérisé un ensemble de tubes et de pots de peinture à l'huile, collectés en 2015 dans son atelier de Meun, en combinant des techniques allant de l'échelle atomique à l'échelle microscopique. Nous faisons le lien avec la pratique d'expérimentation de Simon Hantaï. Les altérations constatées remettent en question le statut de cet ensemble d'échantillons en tant que matériaux de référence. L'étude de ces matériaux multicouches est confrontée à la difficulté d'identifier de manière non invasive les composés organiques présents en profondeur dans la stratigraphie. Nous avons donc exploré le potentiel de la diffusion inélastique des rayons X (IXS) sur synchrotron comme nouvelle approche de spectroscopie et d'imagerie pour l'analyse non invasive de stratigraphies de peinture. Nous avons étudié le potentiel de la méthode dans la gamme des faibles pertes d'énergie (< 100 eV) pour caractériser des pigments modernes et montrons qu'elle est prometteuse pour distinguer des pigments minéraux courants. La faible section efficace de la diffusion IXS permet aux rayons X de pénétrer profondément dans l'échantillon, au prix d'images bruitées qu'il faut traiter statistiquement. Nous avons collecté des volumes de données 3D au seuil K du carbone (280--320 eV) de composés organiques présents dans les couches de peinture, notamment des matériaux cellulosiques, collagéniques et synthétiques. Nous avons étudié des systèmes de peinture dans des conditions cryogéniques afin d'examiner les modifications physico-chimiques induites par l'irradiation aux rayons X lors de l'utilisation de cette technique. Nous présentons également l'imagerie par photoluminescence d'échantillons de toile et d'une œuvre d'art de sa série, les ``drip-folds'' (1982--1985). La collaboration avec des restaurateurs, des historiens de l'art et des statisticiens, aura ouvert de nouvelles perspectives dans l'étude des matériaux identifiés dans l'œuvre de l'artiste en les plaçant dans le contexte de sa démarche artistique.