Thèse soutenue

Le « projet de ville » au XXIe siècle : modèle et utopie dans l’urbanisme mondialisé. Récits, références et mises en œuvre dans les projets de ville ex nihilo et les projets de ville existante en transformation.

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Auteur / Autrice : Louise Jammet
Direction : Guy TapieJuan Kent Fitzsimons
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 17/11/2021
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Laurent Devisme
Examinateurs / Examinatrices : Guy Tapie, Juan Kent Fitzsimons, Laurent Devisme, Nadia Arab, Catherine Maumi, Cristina De Araujo Lima, Françoise Fromonot
Rapporteurs / Rapporteuses : Nadia Arab, Catherine Maumi

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Conséquence d’un demi-siècle d’étalement urbain et de délaissement des centres-villes, beaucoup d’agglomérations occidentales sont jugées obsolètes et inefficaces tandis que dans les pays du Sud les mégapoles urbaines se multiplient et ne cessent de s’étendre. Ces deux phénomènes sont source de projets de grande ampleur dont nous interrogeons la part d’utopie qu’ils incorporent et leur inscription dans des modèles urbains.À partir de ces deux concepts présents aux origines des débats sur la ville idéale, la thèse éclaire la fabrication actuelle des mondes urbains en devenir en interrogeant les villes pensées, théorisées et en construction au XXIe siècle via une étude de cas. Nous formalisons le « projet de ville » afin de rendre compte d’aspects inédits dans les processus de planification contemporains pour la transformation ou la création de villes entières. Ces processus s’inscrivent dans les agendas de gouvernements et articulent des représentations de la ville et de la société idéales dans une temporalité de moyen à long terme. Deux types se distinguent : les projets de ville ex nihilo, portant sur la création de villes nouvelles principalement situées dans les pays du Sud dont l’urbanisation progresse rapidement ; les projets de ville existante en transformation, concernant majoritairement les villes du Nord où les processus d’urbanisation ralentissent.Un état de l’art met en résonance le contexte contemporain avec cinq siècles de débats idéologiques et scientifiques sur la ville et la société idéales ainsi que sur les manières de les concevoir et les réaliser. Nous retraçons une histoire des études et des théories sur la ville et sa production jusqu’à l’urbanisme contemporain compris dans des logiques de compétitivité économique et les problématiques du développement durable, dans un contexte de néolibéralisation des politiques publiques.L’étude de cas de huit projets de ville révèle la diversité géographique de l’objet à l’échelle internationale. Ils incluent quatre projets de ville ex nihilo: Xixian New Area (Chine), Amaravati (Inde), Masdar City (Émirats Arabes Unis), Konza Technopolis (Kenya); et quatre projets de ville existante en transformation: Imagine Boston 2030 (USA), Hong Kong 2030+ (Chine), Nairobi 2030 (Kenya), Bordeaux Métropole 2050 (France). Nous combinons une étude documentaire systématique à une enquête par entretiens semi-directifs et des observations ciblés. L’exploration empirique révèle les singularités locales propres aux contextes politique, économique et culturel aux prises avec des dynamiques mondialisées.L’analyse comparative et transversale met en lumière trois caractéristiques communes aux cas : la mise en récit des projets de ville les place en moteur des changements urbains et politiques anticipés, et promet un futur idéal ; des références types, symboliques et matérielles, constituent la matière des projets ; la conception opérationnelle reflète les logiques et les stratégies d’assemblages des ressources mobilisées en fonction des contextes locaux. L’analyse montre que l’urbanisme contemporain a une faible portée théorique et s’éloigne des principes de l’utopie en raison de la prééminence d’injonctions et d’ambitions conservatrices. Elle révèle aussi que les pratiques de conception entravent la capacité à faire émerger de nouveaux modèles urbains. La combinaison des références qui circulent se substitue à la formulation théorique de modèles urbains et l’opérationnalisation, réduite à des principes de régulation, est détachée d’une volonté de redéfinition des doctrines urbanistiques.La thèse apporte une lecture critique d’un corpus de travaux scientifiques et de cas français et internationaux dans le champ de la recherche urbaine française. Grâce aux outils de la sociologie urbaine et de l’analyse spatiale elle contribue à la réflexion sur les théories, les idéologies et les savoirs dans le domaine transdisciplinaire et internationalisé de la production de la ville au XXIe siècle.