Thèse soutenue

L’Esthétique du trouble dans les romans-mémoires des années 1730

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Auteur / Autrice : Manon Courbin
Direction : Christophe Martin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation française
Date : Soutenance le 01/04/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....)
Jury : Président / Présidente : Florence Magnot-Ogilvy
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Christophe Abramovici
Rapporteurs / Rapporteuses : Érik Leborgne, Emmanuelle Sempère

Mots clés

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Résumé

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En prenant pour objet les manifestations du trouble dans les romans-mémoires des années 1730, cette thèse analyse la manière dont la mutation des représentations de la subjectivité a infléchi la poétique romanesque en fragilisant l’idéal de clarté de la langue prévalant au XVIIe siècle. Prévost, Marivaux, Crébillon, Madame de Tencin, Mouhy, Boyer d’Argens et bien d’autres, s’éloignent du système des passions constituant depuis l’Antiquité l’appréhension principale des états de la vie affective, pour explorer des affects confus et mouvants qui dévoilent l’instabilité et l’opacité psychiques. Au croisement entre la littérature et l’histoire des sensibilités, cette étude porte sur une cinquantaine de romans et les met en regard des autres discours de l’époque (philosophiques, moraux, médicaux,...) pour saisir la nouvelle conception du sujet qui, derrière ses agitations et défaillances, apparaît comme une chaire vivante et vibrante, un esprit mouvant et façonné par son expérience, une conscience dotée d’une épaisseur et de zones d’ombre, qui s’éclaircit en réfléchissant sur ses confusions. Nous envisageons enfin les dispositifs poétiques qui favorisent le brouillage du sens et se détournent d’une parfaite lucidité de l’expression, pour développer un art de l’implicite et introduire dans le roman un coefficient de déstabilisation. Le trouble constitue ainsi une notion carrefour où s’entrecroisent, à différents niveaux textuels, les caractéristiques d’une esthétique nouvelle, reliant impressions et expressions, pour gagner en puissance de suggestion ce qu’elle perd en clarté, et permet d’identifier une certaine unité dans ce corpus fondateur dans l’histoire de la fiction.