Thèse soutenue

Événementialisation des politiques culturelles locales et politisation de la culture : le cas de Lille 2004, capitale européenne de la culture

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Auteur / Autrice : Damien Dusseaux
Direction : Sébastien FleurielFrédéric Poulard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 20/11/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé)

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse propose une analyse sociohistorique de l’événement Lille 2004, capitale européenne de la culture, de sa genèse locale dans les années 1980-1990 jusqu’à ses répercussions contemporaines sur la politique culturelle lilloise et sur certains professionnels qui concourent à sa production. Elle montre que, par-delà les retombées territoriales et économiques, qui sont inlassablement revendiquées à défaut d’être précisément documentées, ces grands événements s’accompagnent de transformations plutôt localisées du côté de la production des politiques publiques de la culture, invitant à aller voir leurs conditions de fabrication et les processus de politisation attenants. Cette recherche repose notamment sur une analyse documentaire menée à partir d’un corpus varié (au premier chef des archives municipales et nationales intégralement inédites), la conduite d’entretiens avec différentes catégories d’acteurs investis dans l’organisation de Lille 2004 et/ou dans l’élaboration de la politique culturelle lilloise, ainsi que des observations directes au cours des événements d’une édition triennale de Lille 3000, puis au sein du pôle culturel de la ville de Lille. A rebours du récit performatif valorisant l’idée d’un « tournant » pour l’action publique locale et le développement territorial, la thèse montre d’abord que l’événement procède de mobilisations antérieures d’acteurs locaux et s’inscrit dans le prolongement d’actions culturelles initiées sous la mandature de Pierre Mauroy. La seconde partie de la thèse montre que, loin de se limiter à une « affaire territoriale » résultant du seul investissement d’élus, représentants patronaux, ou programmateurs culturels, lesquels sont particulièrement enclins à mettre en scène leur capacité d’initiative, l’opération Lille 2004 est rendue possible par et négociée avec l’Etat. Enfin, il s’agit d’appréhender dans la troisième partie certains « effets », généralement passés sous silence, de cette réorientation de la politique culturelle post Lille 2004. Nous examinons à cette fin la restructuration de la direction générale de la culture de la ville de Lille et les reconfigurations professionnelles qui l’accompagnent, l’occasion de montrer combien la culture devient l’objet d’une politisation accrue. L’activité des agents du pôle culturel municipal est ainsi marquée par une « double dépendance » à l’égard de ces élus et des professionnels de la culture de l’association Lille 3000, ce que donne à voir la confrontation des ethos professionnels.