Politiser l’environnement, embuer l’État : la fabrique d’un territoire contestataire à Bure (France)
Auteur / Autrice : | Pablo Corroyer |
Direction : | Hélène Combes, Sylvaine Bulle |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 19/06/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Gilles Favarel-Garrigues |
Examinateurs / Examinatrices : Hélène Combes, Sylvaine Bulle, Stéphanie Dechézelles, Laurent Bonelli, Dominique Linhardt | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphanie Dechézelles, Laurent Bonelli |
Résumé
A travers l’étude du cas de la mobilisation anti-nucléaire de Bure (Est de la France), la thèse s’efforce d’éclairer l’irruption de groupes protestataires (les militants « autonomes ») et de répertoires d’actions collectives (les ZAD) dans le champ des conflits socio-environnementaux. Au moyen d’une enquête ethnographique de deux ans, il s’agit de saisir la fabrication quotidienne d’un territoire contestataire, orientée par une critique radicale de l’ordre politique. L’enjeu est de montrer comment cette politisation de l’environnement rend possible des alliances improbables avec les acteurs plus légitimes de la contestation politique que sont les militants des associations écologistes. Les caractéristiques propres du militantisme autonome (informalité, opacité, illégalité, action directe), ainsi que ces hybridations qui s’opèrent avec les répertoires plus classiques de mobilisation, mettent à l’épreuve ce projet de gouvernement qu’est le centre d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure. Les agents de l’ordre – autorités politiques, policières et judiciaires – travaillent alors à adapter leurs stratégies, leurs catégories d’analyse et leurs dispositifs sécuritaires, afin de restaurer un contrôle et une lisibilité sur le territoire disputé. En étudiant in situ ces dispositifs, la thèse éclaire une déclinaison locale des évolutions contemporaines du maintien de l’ordre. Il s’agit donc de caractériser la relation de co-production dynamique entre une forme de militantisme d’un côté et, de l’autre coté, l’entreprise de construction politique, policière et judiciaire d’un ennemi intérieur au sein d’un régime dit libéral-démocratique.