Voix en crises, corps de la crise. Les personnages féminins dans le roman russe et yiddish entre 1920 et 1945. Evgueni Zamiatine, Moyshe Kulbak, Andreï Platonov, Israël Joshua Singer, Isaac Bashevis Singer, Esther Kreitman, Lydia Tchoukovskaïa
Auteur / Autrice : | Cécile Rousselet |
Direction : | Carole Ksiazenicer-Matheron, Luba Jurgenson |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littératures et civilisations comparées |
Date : | Inscription en doctorat le 14/11/2014 Soutenance le 03/10/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études et de recherches comparatistes (Paris) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse s’attache à réfléchir à quelques-unes des stratégies mises en place par le roman yiddish et russe face aux mutations profondes des sociétés représentées entre 1920 et 1945 : l’élaboration d’une politique du féminin, à même de rendre la complexité de la représentation de l’histoire et de la modernité. Elle étudie ce phénomène dans onze romans de sept auteurs et autrices (Evgenij Zamâtin, Moyshe Kulbak, Andrej Platonov, Israël Joshua Singer, Bashevis Singer, Esther Kreitman et Lidiâ Čukovskaâ), répondant au dispositif littéraire choisi, à savoir la fiction narrative romanesque à la troisième personne. Il s’agit d’étudier les différents modes d’apparition des figures féminines et les rôles diégétiques, narratifs, esthétiques et symboliques qu’elles tiennent dans les œuvres, afin de déterminer la place qu’elles occupent dans l’élaboration d’un discours sur les crises historiques, et sur la crise de la modernité, par le truchement de constructions culturelles qu’elles participent à nourrir. Si leur existence dans la diégèse favorise déjà une représentation complexe du réel, leurs voix encouragent des formes de contrepoint narratif à même de renverser les hiérarchies discursives établies. Mais c’est véritablement parce qu’elles incarnent des discours qu’elles permettent l’établissement d’une politique des corps féminins. Traversés par la rupture, l’horreur, l’Apocalypse ou le sacrifice, ces corps sont aussi ceux de l’avènement d’un autre sens, fondamentalement incertain. Le féminin n’est pas tant subversif qu’espace tiers de la contestation, autre mode d’appréhension de la modernité entre 1920 et 1945 en Europe centrale et orientale.