Thèse soutenue

Accumulation et instabilité dans une économie tirée par la demande

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Auteur / Autrice : Florian Botte
Direction : Laurent CordonnierDany Lang
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 23/11/2018
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé) - Centre Lillois d’Études et de Recherches Sociologiques et Économiques - UMR 8019 / CLERSÉ
Jury : Président / Présidente : Marc Lavoie
Examinateurs / Examinatrices : Florence Huart, André Lorentz
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Lavoie, Till Van Treeck

Résumé

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Cette thèse réexamine la question de l’instabilité de la sphère réelle de l’économie. Bien qu’inhérente au capitalisme, car elle est le résultat de deux principes au cœur de l’accumulation du capital, le multiplicateur et l’accélérateur, cette instabilité entre en contradiction avec la relative stabilité des économies développées. Après avoir confirmé le diagnostic de l’instabilité keynésienne dans le cadre du modèle kaleckien à l’aide d’une procédure originale associant simulation d’un grand nombre de configurations de paramètres et représentations graphiques dans le premier chapitre, nous partons à la recherche, dans le deuxième chapitre, de facteurs de stabilisation négligés dans la version la plus simple de ce modèle. Parmi les facteurs envisagés, seules les dépenses contra-cycliques de l’État permettent de stabiliser le modèle, tout en accroissant sa plausibilité. Le troisième chapitre porte sur la structure même du modèle kaleckien et ses hypothèses fondamentales. Nous montrons que ces dernières, en particulier la définition de la période, participent de l’instabilité du modèle en amplifiant les rétroactions du multiplicateur et de l’accélérateur. Après avoir justifié le recours aux systèmes multi-agents comme alternative au réductionnisme qu’impliquent les micro-fondements néoclassiques, nous développons un modèle multi-agents stock-flux cohérent dont la particularité est de reposer sur des comportements d’entreprises ayant des vertus stabilisatrices. Nous montrons à l’aide de simulations que le système peut-être instable malgré ces comportements, que l’instabilité est un phénomène émergent et que c’est la dépense publique qui a la capacité de stabiliser l’économie, et permet au modèle de générer des cycles endogènes réguliers. Le dernier chapitre réexamine les effets conjoints de l’endogénéité de la cible d’utilisation des capacités de production des firmes et du concept de corridor de stabilité censés contenir l’instabilité harrodienne, à partir de données empiriques. En nous basant sur ces deux mécanismes et des simulations, nous proposons un récit exploratoire aux connotations minskiennes, selon lequel la stabilité est déstabilisante et l’instabilité stabilisante. Ce récit, qualifié de scénario d’enlisement, peut contribuer à expliquer la stagnation séculaire contemporaine. Nous parvenons à la conclusion que, si l’instabilité inhérente au capitalisme peut se faire discrète grâce aux formes institutionnelles qui permettent sa régulation, elle risque toujours de se manifester à nouveau, et que c’est alors à l’État que revient le rôle de stabilisateur en dernier ressort.