Thèse soutenue

Les facteurs de risque de la naissance prématurée en Guyane Française

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Auteur / Autrice : Malika Leneuve Dorilas
Direction : Mathieu Nacher
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Recherche clinique, innovation technologique, santé publique
Date : Soutenance le 28/05/2019
Etablissement(s) : Guyane
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Diversités, santé et développement en Amazonie (Cayenne)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : EPat
Jury : Président / Présidente : Pierre Couppié
Examinateurs / Examinatrices : Narcisse Elenga, Olivier Parent
Rapporteurs / Rapporteuses : Moustapha Dramé

Résumé

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Contexte et objectif : La Guyane Française, département-région d’outre-mer, compte près de 8 000 naissances par année.Depuis 1992, la proportion de naissances prématurées y est importante aux alentours de 13,5% ; soit presque le double de celle de la France (7%). Contrairement à la plupart des pays où une augmentation de la prématurité est observée, en Guyane, son taux est stable. Certes, on pourrait se satisfaire de cette non-augmentation, cependant, les décès liés à la périnatalité restent l’une des principales causes de mortalité prématurée dans ce département. Si en Guyane, le taux de prématurité n’augmente pas, il ne régresse pas non plus. Devant cette absence de régression, il semble important de comprendre les facteurs qui font qu’en Guyane, la prématurité reste si fréquente et si difficile à endiguer. Méthodologie : Ce travail de recherche se décline en quatre axes d'investigations : Une étude rétrospective descriptive, à partir des données du RIGI (Registre d’Issue de Grossesses Informatisé) 2013-2014 de 12 983 naissances viables du département. L’élaboration d’un score prédictif de prématurité à partir du RIGI 2013-2014, confronté aux données du RIGI 2015 de 6 914 naissances viables. Une étude étiologique cas-témoins de la grande prématurité, monocentrique, de Février 2016 à Janvier 2017 dans l’unique établissement de santé de type III de la Région. Enfin, l’analyse du terme moyen à la naissance et de la morbi-mortalité à partir du RIG (Registre d’Issue de Grossesses) 2002-2007 de 35 648 naissances viables et du RIGI 2013-2014. Résultats :Sur la période d’étude, la proportion de naissances prématurées était de 13,5% (1 755/12 983). La proportion de prématurité spontanée et induite était respectivement de 51,3% et 48,7% selon le RIGI 2013-2014.Plus de la moitié (57,2%) de la population d’étude bénéficiait de la sécurité sociale, néanmoins 9,3% (1 211/12 983) n’avait aucune couverture sociale. L’absence de couverture sociale représentait un facteur de risque de prématurité avec un OR ajusté de 1,9 IC à 95% [1,6-2,3] p=0,0001. De même, l’absence d’entretien prénatal tout comme celui de préparation à la naissance multiplieraient par deux le risque de naissance prématurée. D’autre part, le syndrome pré-éclamptique était la principale dysgravidie associée au risque de prématurité (OR ajusté de 6,7 [IC 95% =5,6-8,1] p=0,001). Enfin, l’hypothèse assez répandue, suggérant qu’une partie du taux de prématurité élevée serait liée du fait que les bébés « noirs » seraient plus matures et que les mères « noires » d’ascendance afro-caraibéenne accoucheraient physiologiquement plus tôt, ne ressortait pas dans nos analyses. En effet, il n’y avait pas de différence statistiquement significative de morbi-mortalité pour les nouveau-nés de mères d’origine afro-caribéennes et ceux de femmes caucasiennes.Conclusion : Les travaux réalisés ont retrouvé nombre de facteurs associés à la prématurité, pour certains déjà décrits par ailleurs. Bien qu’à l’échelle individuelle, il était impossible de prédire qui accoucherait prématurément, le poids des facteurs sociaux et du mauvais suivi de grossesse, suggéraient qu’une approche populationnelle pourrait être pertinente. Ainsi les femmes les plus vulnérables résidaient souvent dans des zones bien identifiées qui pourraient faire l’objet d’actions ciblées pour améliorer le suivi et dépister les complications. Cette problématique d’inégalités sociales de santé va bien au-delà de la prématurité et se retrouve pour presque toutes les pathologies, ce qui suggère qu’il y a des synergies à rechercher et que l’échelle populationnelle est sans doute stratégique. Le poids du syndrome pré-éclamptique comme facteur de risque de prématurité induite en Guyane pose question, il semble nettement plus important qu’ailleurs pour des raisons qui restent à élucider.