Thèse soutenue

Poésie et synesthésie dans l'oeuvre de Charles Baudelaire ˸ une poétique de la totalité entre imagination sensible et savoir

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Auteur / Autrice : Florelle Isal
Direction : Henri ScepiMireille Calle-Gruber
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue, littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 16/11/2019
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle (Paris)
Jury : Président / Présidente : Paolo Tortonese
Examinateurs / Examinatrices : Henri Scepi, Mireille Calle-Gruber, Paolo Tortonese, André Guyaux, Philippe Ortel, Jean-Nicolas Illouz
Rapporteurs / Rapporteuses : André Guyaux, Philippe Ortel

Résumé

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La présente étude se propose d’éclairer la signification des Correspondances baudelairiennes selon une méthode qui associe une lecture attentive à l’inscription du sensible dans les textes et une approche inter-disciplinaire. Le vers : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent », doit être réinterprété au regard de l’ensemble de l’œuvre de Baudelaire. Existe-t-il une doctrine des Correspondances qui relèverait d’un principe invariable ou faut-il davantage parler de crise de l’analogie en ce sens que Baudelaire penserait avoir atteint les limites de ce mode d’expression ? La mobilité des Correspondances pose la question de l’unité du monde, principe fondateur de l’analogie universelle. Après une étude généalogique mettant en lumière le projet de configuration du monde propre aux principaux paradigmes analogiques depuis l’Antiquité jusqu’au romantisme, l’analyse de poèmes des Fleurs du Mal révèle le désir de représenter le monde dans sa totalité selon cet héritage. Mais l’idéalisme baudelairien n’étant pas compatible avec la société industrielle et positiviste du Second Empire, Baudelaire, particulièrement dans le Spleen de Paris, recompose l’unité en tissant de nouvelles relations entre l’homme et le monde qui subliment ainsi la modernité. Les synesthésies apparaissent alors comme une « science du sentir » efficiente grâce au travail de l’imagination. Cette « reine des facultés » comble les vides laissés par la science et rend littéralement sensible la réalité entrevue grâce aux images suggestives qui entrainent le lecteur dans une ivresse lyrique hybride. Il convient enfin de proposer une herméneutique du geste créateur baudelairien interrogeant la fonction épistémologique d’une poésie des sens. Ainsi, cette thèse vise à mettre en évidence l’existence d’une écriture synesthésique non seulement destinée à émouvoir, mais aussi capable d’être un outil efficace de connaissance du monde et de soi. L’accès au savoir se crée chez le poète par un voyage rétrospectif mais surtout par fertilisations de temporalités croisées. Les synesthésies participent ainsi à la création d’une écriture nomade qui épouse les accidents du présent de la vie dans toute son énergie.